C’était un guitariste virtuose. Une bête de scène aux costumes excentriques et au style de dandy androgyne. Un musicien prolifique aux plus de 100 millions de disques vendus dans le monde. Prince s’est éteint le jeudi 21 avril 2016 dans sa propriété de Paisley Park, dans le Minnesota, à l’âge de 57 ans, après une vie consacrée à la musique.
La musique, il a toujours baigné dedans. Prince Rogers Nelson, de son vrai nom, est né le 7 juin 1958 à Minneapolis, dans le Minnesota, d’un père musicien et d’une mère chanteuse de jazz. Il doit son prénom au groupe de blues de son père, le "Prince Rogers Trio". Dans une interview en 1991, son père John L. Nelson avait déclaré dans la presse : "Je l'ai appelé Prince car je voulais qu'il fasse tout ce que je n'ai pas pu faire". Un défi de taille, que son fils a relevé avec brio. Le petit Prince, qui n’a jamais dépassé le mètre 60, ne s’est posé aucune limite, a transcendé les genres et marqué de son empreinte l’histoire de la musique.
Le rival de Michael Jackson
"Le kid de Minneapolis", n’a jamais cessé de composer. À 12 ans, il monte son premier groupe. À 18 ans, il sort son premier album. Il laisse derrière lui une œuvre riche, aux confluents de la pop, du funk, du R&B et du rock. "Il était un artiste prolifique, infatigable, androgyne. Mais pas seulement. C’est aussi un perfectionniste. Depuis 1979, Prince c’est plus de 50 titres dans le Top 40 à travers le monde", rappelle Gallagher Fenwick, correspondant de France 24 à Washington.
Ses chansons "Cream", "Girls & Boys", "Kiss" ou "Musicology" ont fait danser le monde entier. Mais c’est en 1984 qu’il devient une star interplanétaire avec le tube "Purple Rain", initialement composé pour le film éponyme dans lequel Prince a joué son propre rôle. L’album s’écoule à plus de 20 millions d’exemplaires et reçoit plusieurs prix, dont l'Oscar de la meilleure chanson de film. Il lui vaut aussi d’être présenté par la presse comme le rival de Michael Jackson.
Le rebelle de l’industrie du disque
Prince a toujours su faire parler de lui. Rebelle de l’industrie musicale mais roi du marketing, il abandonne en 1993 son nom de scène pour l'imprononçable pictogramme de "Love Symbol", un moyen de contester le contrat le liant à la maison de disques Warner Bros. Il avait inscrit le mot "esclave" (slave) sur sa joue pour protester contre les conditions contractuelles dont il s’est partiellement libéré en 1996, puis totalement en 2000, reprenant alors son pseudonyme d’origine.
Comme un nouveau pied de nez à la Warner, Prince distribue gratuitement, en 2007, son album "Planet Earth" à tous les lecteurs du "Mail on Sunday", dont le numéro est tiré pour l’occasion à trois millions d’exemplaires. Une stratégie marketing jamais vue en Europe, qu’il avait déjà testée dès 2004 en distribuant gratuitement son album "Musicology" à l’entrée de ses concerts. Une promotion étonnante, à faire rager n'importe quelle maison de disques.
La Warner n’hésite pourtant pas à faire signer un nouveau contrat au faiseur de tubes en 2014, en lui cédant un contrat mirobolant… qui ne le fait pas rentrer dans les rangs pour autant. Il n’a notamment pas cru bon prévenir sa maison de disques – avant ses fans – de la sortie imminente de nouveaux albums. Ces dernières années, il a aussi tenté de prendre de court les revendeurs de billet en annonçant ses concerts quelques heures seulement avant de monter sur scène.
Prince avait récemment organisé des concerts dans ses studios de Paisley Park, dans le Minnesota, et en Australie, durant lesquels il a joué du piano en solo, déclarant qu'il voulait se confronter à un nouveau défi artistique. "Prince était sans aucun doute un original et quelqu'un d'unique", a estimé la légende de la soul Aretha Franklin en lui rendant un dernier hommage. Personne n’aura jamais pu mettre le petit Prince au pas. Il avait annoncé le mois dernier qu’il allait publier ses Mémoires ; son éditeur a prédit qu’ils seraient "anticonformistes".
Ses classiques
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