LE RAP NEW-YORKAIS EST-IL Dead Part 2 de SF
La relève
Le 12 novembre dernier, alors en concert pour un événement organisé par la marque Converse, à New-York, Trinidad Jame$ a déclaré « Je me souviens quand New York contrôlait cette merde les gars. Quand Dipset foutait le bordel! Qu’est ce qui s’est passé putain ? Je me souviens quand le rap new-yorkais était au top et nous dans le sud nous n’étions rien et nous avons fait notre délire. Maintenant on contrôle le game musicalement parlant c’est fou ! » Fin de citation. Que comprendre dans cette déclaration ? Simplement que le South domine le hip-hop d’aujourd’hui et la scène de la Big Apple, au calme. Inutile de vous dire que cette déclaration à soulever un vent de marée d’une rare violence : les radios locales comme Hot 97 et Power 105.1 ont crié au scandale, des héros du cru comme Maino, Funk Master Flex et Peter Rosenberg ont sorti les poings. Car on ne parle pas de NY de la sorte. Mais finalement, cette situation pouvait-t-elle être évité ? Car depuis un sacré bon bout de temps, les médias locales ne mettent plus leurs artistes en avant : les radios se passent de glisser quelques tracks de « new-comers » tandis qu’on peut compter le nombre de nouveaux artistes du coin qui ont réussit à percer (ces 10 dernières années) sur les doigts de la main. Terrible constat pour une ville qui régnait sur cette discipline. Et pourtant, depuis un certain temps, une génération de nouveaux MCs apporte un souffle nouveau, bercée par des influences diverses qui met fin au régionalisme du hip-hop. Voici certains de ces MCs, prêt à lancer une nouvelle ère sur la Big Apple :
TOP 3 CLIPS.
1. Hookers At The Point, 2. Steve Wynn, 3.No Enough Words
SON TRIP.
Pour Bronsolino, le rap est comparable à la gastronomie (un truc qui lui parle puisqu’il était cuisinier de profession avec une émission à son actif) car comme le dicton le dit si bien, « c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs confitures » et cela se ressent lorsqu’il est au mic.
RAP STYLE.
Le MC nous mène dans un univers plein de dérision et de punchlines culinaires, avec une voix qui ressemble étrangement à celle de Ghostface Killa, le membre du Wu-Tang. En plus de sa façon de surfer sur les beats, « Barbe Rousse » sait s’entourer de beatmakers tels que Statik Selektah, Harry Fraud, The Alchemist ou encore Party Supplies : un beau monde, en soit. Mais lorsqu’il sort un projet, le type ne s’autorise qu’à travailler avec qu’un seul producteur. Sans doute, pour que les alchimies restent intactes. Du Old School à plein nez, je vous dit.
DISCOGRAPHIE.
En 2011, l’Ogre du Queens nous livre deux albums : le premier se nomme Dr. Lectertandis que le second (en collaboration avec Statik Selektah) est intitulé Well-Done. Ces deux plats, préparé avec amour et passion vont lui permettre d’apparaître sur la carte rapologique. L’année suivante ne déroge pas à la règle puisque l’ex-cuisto ne baisse pas le pied et nous livre deux autres projets avec Blue Chips (en collaboration avec Party Supplies) et Rare Chandeliers (en collaboration avec The Alchemist). Puis en 2013, il lâche deux autres projets, SAAB Stories (avec son pote Harry Fraud) et surtout le deuxième volée de Blue Chips, toujours accompagné de Party Supplies. Avec une telle régulation et un talent indéniable, le rappeur fait partie du XXL Freshmen 2013, aux côtés de Joey Bada$$, Logic, et … Trinidad Jame$ (comme par hasard).
Action Bronson – Hookers At The Point
TOP 3 CLIPS.
1. Work , 2. Hood Pope, 3.Persian Wine
SON TRIP.
Il est persuadé d’être un seigneur d’Harlem, descendu dans les rues afin de prêcher la bonne parole auprès de ses disciples qui dealent de la cocaïne , fricotent avec des white bitches et sombre à travers une bouteille de 40z. Comme son compère, Rocky, il est une fashion victim assumé qui adore porté du Supreme, A Bathing Ape et autres.
RAP STYLE.
Ferg n’est que le produit de ses influences, qui sont multiples : OutKast, Bone Thugz N’ Harmony, DJ Screw, Dipset, Busta Rhymes, Tupac entre autres. Son truc à lui, c’est les refrains chantonné et un flow très rapide. Ce type est probablement, le MC le plus drôle depuis que Ol Dirty Bastard est mort et que Busta Rhymes a divorcé avec l’humour.
DISCOGRAPHIE.
Après s’être fait brillamment remarqué dans la mixtape du A$AP Mob, Fergenstein livre, durant l’été dernier, son premier album intitulé Trap Lord , qui a rencontré un succès critique, avec des bangers comme « Shabba » et « Work » et une liste d’invités de tout premier ordre : entre des légendes des 90´s (Bone Thugz N Harmony, Onyx, B-Real), des têtes d’affiche de la new-school (A$AP Rocky, ScHoolboy Q entre autres) le cocktail est explosif ! Mais un second effort pourrait nous guider sur sa place dans l’échiquier new-yorkais, dans les années à venir.
A$AP Ferg – Hood Pope
TOP 3 CLIPS.
1.Purple Swag, 2. Pe$o, 3. Goldie
SON TRIP.
Un amour invétéré pour la mode et ses designers (Raf Simons, Alexander Wang & Jeremy Scott notamment), une addiction au sizzurp, aux grillz et aux plaisirs charnelles.
RAP STYLE.
De multiples influences se ressentent dans son rap ; capable de passer d’un flow lent ( comme le chopped-screwed de Houston) à un autre très rapide ou chantonné (comme le groupe mythique de Cleveland, Bone Thugs N’ Harmony) comme s’il surfait sur les beats, avec un calme et une nonchalance charismatique. Ce qui fait de lui, LA star de cette nouvelle génération.
DISCOGRAPHIE.
C’est en 2011 que Rakim Mayer sort son premier projet nommé Live.Love. A$AP(qui rencontre un franc succès, ce qui lui donnera l’honneur d’avoir 3 pages sur le célèbre New York Times). À ce moment-la, tout s’enchaîne pour le jeune harlémiste : une signature chez RCA/Polo Ground à 3 millions de dollars et une nouvelle dimension. C’est alors qu’en 2013, sort son premier album LONG.LIVE.A$AP qui bien que leaké un mois avant sa sortie, termine #1 au classement Billboard 200. Bien que maintenant bien entouré, le type reste globalement fidèle à la vision artistique de ses débuts et s’il ne vend pas trop son cul à l’industrie du disque, il pourrait bien marqué les années à venir, de son empreinte.
A$AP Rocky – Angels
TOP 3 CLIPS.
1. 212 (feat. Lazy Jay), 2. 1991, 3. Liquorice
SON TRIP.
Débiter des phrases et des mots qu’on ne voudrait pas entendre de la bouche d’une jeune fille (fellation, bite, cunnilingus etc) tout cela sous des instrus electro-dance des 90s.
RAP STYLE.
Prenez une Missy Elliott à son apogée (début des années 2000) et trempez-la dans de l’electro-dance sauce M.I.A : vous aurez une » Baby Face Killer » , c’est-à-dire une ravissante jeune fille qui , le mic entre les doigts, répugne même les plus » thugs » d’entre nous. Pourquoi ? Parce qu’elle pue le talent à pleins nez et quand on voit que l’état de la catégorie » FeMC » (dominé par Nicki Minaj) on se dit qu’on tient peut-être une concurrente de choix pour la poupée de Young Money.
DISCOGRAPHIE.
Depuis qu’une grosse hype s’est installé après le succès du tube » 212 « , on se disait que la jeune harlémiste devait transformé l’essai avec la sortie de son premier album Broke with Expensive Taste mais on patiente toujours … depuis 2 ans ! Car selon la belle, son label Universal l’empêche de sortir son premier album. Mais pour nous tenir en haleine, elle nous a sortit son EP intitulé 1991 qui est une réussite musicale (avec 4 tracks de qualité) mais une défaite commerciale (moins de 1,000 copies vendues, en une semaine). Ensuite elle a libéré une mixtape intitulé Fantaseaqui au contraire, a été téléchargé plus de 5 millions de fois. Mais il est maintenant temps que Miss Bank$ arrête de s’embrouiller avec n’importe qui sur Twitter et qu’elle règle son contentieux avec sa maison de disque car la hype n’est qu’éphémère.
Azealia Banks – Liquorice
TOP 3 CLIPS.
1. Mobb Dizzle, 2. Fickle Mind$, 3. Misruled Order (feat. Que Hampton)
SON TRIP.
Comme son aîné Joey, il se sent confié d’une mission particulière : retirer le rap boom-bap de son cercueil. Mais en lui opérant un petit lifting (car il est beaucoup trop tendre pour les MILF). Ce puceau est multi-fonction : en plus d’être bon rappeur, il produit, compose et réalise des vidéos. Pas mal pour un gars de 17 ans.
RAP STYLE.
Bishop est déjà comparé au grand Nas alors qu’il n’a sortit aucun album. Pourquoi ? Il suffit juste d’écouter son dernier projet Nehruvia et ses collaborations avec le duo britannique Disclosure ou son duo avec le charismatique MF DOOM : il est destiné à un grand avenir. Des instrus jazz, un flow léger qui compte les joies et les peines d’un adolescent qui en a trop vu/entendu. Ça pue le hip-hop ici !
DISCOGRAPHIE.
C’est en 2012 que le jeune emcee lance son premier projet, Nehruvia. Avec des productions du regretté DJ Dilla, de MF DOOM, DJ Premier et un rap de première ordre, il se place sur l’échiquier. Mais c’est la sortie de StricklyFlowz qui nous fait prendre connaissance de la valeur du gamin. Avec un EP avec son mentor MF DOOM, sa côte devrait continuer à monter.
Bishop Nehru – Mobb Dizzle
TOP 3 CLIPS.
1. My Name Is , 2. NAVY, 3. P.A.P.I
SON TRIP.
Les histoires de rues avec les dealeurs, la férocité des cartels latinos. Ancien dealeur mais aujourd’hui repenti auprès de Dieu depuis un mauvais trip, le MC décrit ce far-west contemporain qu’est la rue.
RAP STYLE.
New-York a eu dans son histoire, des rappeurs latinos tels que Big Pun, Fat Joe & N.O.R.E. qui sont devenus des légendes du genre. Mais depuis un sacré bon moment, on attend celui qui prendra le flambeau aussi épicé que la gastronomie hispanique. Et P.A.P.I. Bamz se positionne clairement comme l’héritier du trône. Pourquoi ? Tout simplement parce que à l’instar de ses illustres aînés, son rap peut toucher la communauté des latinos mais aussi les blacks, les WASP et autres. De plus, il est bien entouré avec un nombre important d’acteurs de ce « New New York » (A$AP Mob, The Flatbush ZOMBiEZ, French Montana, Black Dave) ce qui fait que sa fan-base ne fait qu’augmenter. Néanmoins un hic subsiste : il n’est pas du tout passer par les radios locales, ce qui est un déshonneur pour un MC mais nul doute que la tendance sera bouleversé.
DISCOGRAPHIE.
Après plusieurs apparitions dans des featurings (comme le très bon « Told Ya » de A$AP Ant), el Chico del Barrio nous sort son première effort intitulé Strickly For My P.AP.I.Z. Autant dire que ce projet est l’une des mixtapes les plus réussis de 2013. Le type plonge l’auditeur dans un monde où le vacarme des AK-47 fait échos à l’enfer des cartels, le tout parsemé des samples de salsa, de tango mais aussi de pop ! Malgré un début poussif, le nombre de téléchargements à littéralement explosé depuis. Le début du succès, sans doute.
Bodega Bamz – Don Francisco
TOP 3 CLIPS.
1. Waves, 2. Survival Tactics (feat. Capital STEEZ), 3. FromDaTomb$ (feat. Chuck Strangers)
SON TRIP.
Une volonté de ressuscité le rap boom-bap des 90’s en plus d’un kiff de skater dans les rues de New-York.
RAP STYLE.
Ce gamin de 19 ans est sans doute celui qui se rapproche le plus de cette image du MC new-yorkais. Car il est très facile de comprendre par sa façon de splitter que des légendes comme Rakim, Nas ou encore Jay-Z l’ont influencé dans son art. Malgré son jeune âge, son flow et son story-telling sont aussi carré que ceux d’un vétéran.
DISCOGRAPHIE.
C’est en 2012, que le mec de Brooklyn sort sa première mixtape intitulé 1999. Ce projet lui permet d’attirer les projecteurs sur lui et son crew, Pro Era. Par la suite, il livre un second contenu nommé Rejex : comme son nom et sa cover l’indique, c’est une réunion de tout les morceaux non-sélectionnés pour « 1999 », la qualité de ce projet n’en reste pas moins de très haute qualité. Donc la suite logique pour Joey serait la sortie de son premier album B4.da.$$ qui devrait répondre à la question de savoir si le rap boom-bap peut encore plaire dans l’industrie du disque actuelle.
Joey Bada$$ – 95 Til’ Infinity
TOP 3 CLIPS.
1. Huzzah , 2. The Song That Never Ends (feat. Heron) , 3. Some Wise Quote Drake Never Said.
SON TRIP.
Ingurgiter des bouteilles de 40z, en quantité impressionnante mais aussi s’habiller et se décorer comme le grand Shaka Zulu (en plus gras, bien sur).
RAP STYLE.
Rimant sur des instrus pour la plupart concoctées par El-P et Nécro (sois deux têtes d’affiches de cette scène indépendance qui a sévit dans la ville qui ne dort jamais, au début des années 2000) le type assure au mic, en nous confiant son amour pour les femmes abondantes de chairs et ses échecs personnels.
DISCOGRAPHIE.
Avec 2 albums, 3 mixtapes et 1 EP, on peut dire que le type n’a chômé depuis ses débuts en 2008. Mais concentrons-nous sur 2 projets en particuliers qui ont fait beaucoup de bruits : son premier album Lost In Translation & sa dernière mixtape Kismet. Pour Lost In Translation que dire de plus, si ce n’est que c’est probablement l’un des projets indépendants les plus aboutis de 2011. On y retrouve des productions bien ficelées, un flow tout-terrain et une atmosphère aussi vaporeuse que les coins de rues crades et sombres de Brooklyn. En ce qui concerne Kismet, ce n’est qu’une confirmation du talent indéniable du MC qui réussit à se mettre à la hauteur de ses invités (comme Danny Brown, Flatbush ZOMBiES & Chance The Rapper). De bonne augure pour la suite.
Mr. Muthafuckin’ eXquire – Nightfall At The Thames
A suivre...........
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