Les bassistes de Michael Jackson - 2eme Partie
Nous ne les avons pas oubliés
Parmi les nombreux bassistes ayant croisé la route des frères Jackson, citons également Ron Brown, éminent session man des 70s (on lui doit notamment la ligne de basse de «Never Can Say Goodbye» sur lalbum « Maybe Tomorrow » (1971). Clay Drayton (albums « Joyful Jukebox Music » 1976 ; « Triumph » (1980). Michael « Sugar Bear » Foreman (albums « The Jacksons » (1976), « Goin' Places » (1977), le vétéran des studios new-yorkais Gary King (sur le hit «Blame It on the Boogie» album « Destiny » 1978), ou encore Michael McKinney (albums « Triumph » (1980), « The Jacksons : Live » (1981). Au cours de sa carrière solo, Michael a aussi côtoyé le grand Abraham Laboriel (album « Dangerous » (1991), Terry Jackson (albums « Dangerous » (1991, « HIStory » (1995) et le regretté Wayne Pedzwater (le titre «Money» sur « HIStory » (1995). Il a également souvent opté pour des basses synthés. Sur certains albums, celles-ci sont même des éléments clés du son Jackson («Shake Your Body» sur l'album « Destiny » des Jacksons. » « Wanna Be Startin'Something » et « P.Y.T. » sur « Thriller » etc.) La plupart du temps, ces parties étaient jouées par les claviéristes de Jackson : Greg Phillinganes, Steve Porcaro, David Paich, Brad Buxer... Pour finir, saviez-vous que la basse de « Beat it » avait été jouée par Steve Lukather de Toto ? Après avoir mis en boîte la guitare rythmique, ce dernier a proposé d'enregistrer la basse dans la foulée. Sympa le Luke !
Plusieurs bassistes et non des moindres se sont succédés sur les différentes tournées de Michael Jackson en solo entre 1987 et 2009.
En Live
Don Boyette
Ce bassiste qui s'est illustré avec Lionel Richie, Cher ou Stevie Nicks a fait les deux plus grosses tournées de Michael Jackson : le « Bad Tour » entre 1987 et 1989 et le « Dangerous Tour » 1992/1993. Aujourd'hui, il est bassiste dans « The Immortal World Tour » (spectacle du Cirque du Soleil) avec d'autres anciens musiciens de MJ dont le directeur musical Greg Phillinganes, et le batteur Jonathan Moffett (4 dates à Bercy en avril prochain). On peut le voir sur le package édité à l'occasion du 25ème anniversaire de Bad qui contient un CD avec des versions remastérisées et des inédits et surtout un DVD du concert donné au Stade de Wembley en 1988 par un Michael Jackson au faîte de sa gloire. Don Boyette tient la basse avec maestria et prend même un chorus en slap pendant la jam de dix minutes permettant à la star de changer de costume. On peut aussi le voir sur le « Live in Bucharest : The Dangerous Tour » filmé en 1992 et disponible en DVD, dans lequel son jeu propulse le titre « Working Day and Night » à un niveau d'intensité jamais égalé.
Freddie Washington
Ce bassiste de premier plan qui s'inscrit dans le droit fil de James Jamerson, Chuck Rainey et Paul Jackson, a joué entre autres avec Herbie Hancock, Lionel Richie, Diana Ross, Phil Collins ou Al Jarreau Cest lui qui tenait la basse lors de l'« HIStory world Tour » qui s'est étalé sur les années 1996 et 1997 : « en tant que performer, je pense que Michael est dans la lignée des légendaires Frank Sinatra, Sammy Davis Jr, Fred Astaire ou James Brown. Cétait génial de travailler avec lui ; il était proche de nous et aimait rire et plaisanter. Je me souviens quil nous avait dit que le groupe avait le genre de groove qu'il aimait pour jouer sa musique. Ce qui mavait stupéfait cest son incroyable sens du tempo et du rythme. Je le regardais pendant les concerts et on pouvait voir la synchronisation parfaite des mouvements de son corps. Cétait comme voir les subdivisions et les accentuations d'un batteur. Il connaissait vraiment toutes ses chansons de l'intérieur. Je me nourrissais de ses mouvements et de son énergie autant musicalement que humainement »
Alex Al
Ce natif de Détroit a eu le redoutable privilège dêtre le dernier bassiste de Michael Jackson. Entré service de la star en 2001 (à l'occasion du show « 30th Anniversary Spécial » donné au Madison Square Garden de New York), après avoir sévi avec Herbie Hancock, George Benson, Paul Simon, Sting, Smokey Robinson, Janet Jackson et autres, Alex AI devait tenir la basse durant le « This Is It Tour » qui s'est malheureusement arrêté comme chacun sait au stade des répétitions. Il avait la lourde tâche de restituer tous les tubes d'un répertoire entré dans la mémoire collective : « Michael connaissait chaque son, chaque inflexion, chaque double-croche de sa musique, il fallait donc partir de l'original, mais il voulait en même temps un certain rafraîchissement. Prenons « Billie Jean » par exemple, on ne peut pas toucher à la ligne principale mais sur le pont, il y a un peu d'espace pour développer. Cest sur le medley Jackson 5 (« I Want You Back »/« The Love You Save »/« Ill Be There ») que j'ai pris le plus de liberté adoptant une approche à la James Jamerson mais traitée de façon plus moderne. Jai pas mal travaillé avec le batteur Jonathan Moffett pour élaborer cela. Et puis, il faut bien prendre en compte le fait qu'avec une structure, aussi lourde de sept musiciens, quatre choristes, douze danseurs et toute la scénographie à respecter, on ne peut pas vraiment improviser. Je crois que la différence se faisait surtout au niveau de l'émotion, de la conviction et de l'énergie. C'était une expérience incroyable à tous niveaux. Musicalement, j'ai tellement appris de Michael que maintenant je me sens prêt à accepter n'importe quel gig dans le monde. Tous mes bassistes favoris ont travaillé avec lui, c'est vraiment un immense honneur de faire partie de cette lignée. J'étais l'un des derniers à quitter la répétition la veille de sa disparition. Il ma remercié pour mon amour et mon implication. Je peux juste dire que nous avons perdu un ange, un ange musical. »
Interview de Jermaine Jackson dans le magazine Bassiste.
Impossible de ne pas évoquer le grand Jermaine dans ce dossier consacré aux bassistes du roi Jackson. Le légendaire bassiste des Jackson 5 nous a reçus dans la suite d'un célèbre et luxueux hôtel parisien.
Par Sebastien Benoits
La légende est célèbre : en 1964, Joseph Jackson, ouvrier, musicien amateur et chef dune famille pauvre de Gary (Indiana), s'aperçoit que son fils Tito lui a emprunté sa guitare en son absence. Un drame se prépare dans la petite bicoque du 2300 Jackson Street, d'autant que le guitariste en herbe a cassé l'une des cordes de l'instrument. Au lieu de se laisser envahir par la colère comme il a coutume de le faire, le père tyrannique demande à son rejeton de lui montrer ce dont il est capable. Surpris par les capacités de Tito, il décide de former un groupe. The Jackson Brothers avec quatre de ses fils : Tito, Jackie, Marlon et Jermaine qui seront rapidement rejoints par Michael. Le gang se rebaptise The Jackson 5. En 1968, après avoir travaillé jour et nuit pendant quatre années sous la houlette de Joe, les frangins signent sur le mythique label Motown. La suite de l'histoire, tout le monde la connaît : le quintette parvient à détrôner les Beatles de la première place des charts, et la Jacksonmania s'empare de la planète. Mais ce dont on ne parle jamais, c'est de l'immense talent du quatrième garçon de la fratrie. Excellent chanteur, danseur, auteur, compositeur, et producteur, Jermaine Jackson développe très jeune un jeu de basse féroce et ultra mélodique tour à tour aux doigts ou au médiator (il excelle aussi au slap) dans la droite lignée de son ami et mentor James Jamerson. A l'époque, Jermaine est cité comme l'un des meilleurs de sa génération. Après son départ des Jackson 5 en 1975, il mène une carrière solo qui connaîtra plusieurs gros succès : l'album Let's Get Serious produit avec Stevie Wonder en 1980, ou encore le hit ultra kitsch « When the Rain Begins to Fall » en duo avec la chanteuse Pia Zadora en 1984. De passage à Paris pour promouvoir son nouvel album /Wish You L.O.V.E, et son spectacle « You are not Alone, The Musical », qui se jouera à Paris au Théâtre des Variétés les 21, 27 et 28 janvier. Bassiste Magazine a eu la chance de passer un moment privilégié avec cette légende de la musique soûl qui s'est aussi gentiment prêtée au jeu de la séance photo, basse en main. Un grand moment.
- On parle souvent des débuts des Jackson 5 en évoquant Michael ou ton frère guitariste Tito. Peux-tu revenir sur tes jeunes années en tant que bassiste ?
- Quand nous avons formé les Jackson 5, je navais pas de basse. Mon père m'a donné une guitare et je devais m'arranger pour jouer de la basse avec cet instrument. Je n'oublierai jamais cette période. J'ai appris tout seul, en jouant avec mon frère Tito en reprenant des titres de la Motown, et de James Brown. Plus tard, j'ai reçu ma première vraie basse, une réplique de la « Violin Bass » de Paul McCartney. Elle était très lourde pour moi. Je n'avais que 11 ans à l'époque. J'étais à peine plus grand que la basse, et quand je la portais, elle appuyait fortement sur mon épaule.
« Michäel, Marlon et Jackie chantaient et dansaient. Tito et moi, nous devions chanter, danser et jouer de nos instruments respectifs. Ce n'était pas facile. »
- Tu te souviens de tes premiers amplis ?
Oui. C'était des amplis appelés Toby. Ils étaient puissants et assez imposants. Pendant nos premières tournées, bien avant notre signature sur le label Motown, nous n'avions pas de roadie. Nous devions porter notre équipement nous même, charger et décharger le camion chaque soir. Encore une fois, nous étions gamins, et c'était une épreuve pour nous de soulever tout ce matériel On détestait ça.
- Après des années de galère, en 1968, vous signez chez Motown, le plus grand label de musique noire. Étais-tu frustré de ne pas pouvoir jouer de la basse sur les enregistrements studio du groupe ?
- Non. Pour moi, James Jamerson était le son de Motown. Quand il jouait sur les titres qui nous étaient destinés... Oh mon Dieu, il faisait un boulot extraordinaire... Il avait cette façon de jouer totalement unique, avec un seul doigt. Par la suite, je devais apprendre toutes ses parties pour les jouer en concert.
- Parmi les bassistes de la Motown, Wilton Felder et Chuck Rainey ont eux aussi signé les lignes de basse de certains albums des Jackson 5...
- C'est vrai. Mais James Jamerson était probablement mon préféré. Beaucoup de chansons sur lesquelles il a joué ont révolutionné la musique : les Four Tops, The Temptations, Smokey Robinson, The Vandellas, sans oublier Marvin Gaye et son What's Going On... J'allais lui parler régulièrement c'était un homme très gentil. C'est si triste qu'il ne sort plus parmi nous aujourd'hui... Plus tard, son fils a pris la relève.
- Y a-t-il des lignes jouées par les session men de la Motown que tu n'arrivais pas à reproduir ?
- Non. Je me suis rendu compte qu'avec du travail et beaucoup de détermination, tu peux faire tout ce que tu veux. Mais certaines lignes n'étaient pas faciles. Je vous invite à écouter attentivement la basse sur une chanson appelée « That's How Goes ». Ma main gauche était très active sur le manche. Il faut se rappeler d'une chose : Michael, Marlon et Jackie chantaient et dansaient. Tito et moi, nous devions chanter, danser et jouer de nos instruments respectifs. Nous avons dû développer une indépendance pour marquer les tempos dune certaine façon avec les doigts, d'une autre avec le corps, tout en assurant les parties vocales. Ce n'était pas facile.
- Michael a souvent déclaré avoir été privé de son enfance à cause du travail que réclamait le groupe. Quel souvenir gardes-tu de ces années de folie ?
- Au début l'école était la priorité. On rentrait à la maison dans l'après-midi, et on travaillait sur environ trois chansons, jusque très tard dans la nuit. Plus tard, des tuteurs sont entrés dans nos vies. Ils remplaçaient l'école lorsque nous étions en tournées. Ils nous faisaient travailler dans l'avion, dans les loges, des salles de concert etc. C'est vrai que c'était fatigant Le rythme des shows et des enregistrements était soutenu. Je me souviens d'une fois où je faisais semblant de lire un livre de cours. Notre tutrice ma pris en flagrant délit, car je tenais le livre à lenvers. J'étais épuisé... (rires) Elle s'appelait Rose Fine, on lui a donné du fil à retordre...
- Tu étais le second chanteur lead du groupe. Te souviens-tu comment vous vous répartissiez les rôles en studio avec Michael et tes autres frères ?
- Michael avait la voix la plus haute, et moi la voix la plus basse. Berry Gordy (patron de la Motown, ndlr) aimait jouer sur le contraste qu'il y avait entre nos tessitures vocales. Souvent Michael entamait la chanson, et je le rejoignais pendant le couplet comme sur « I'll Be There » et « ABC » par exemple. On a grandi et appris aux côtés de James Brown, Sly and the Famely Stone-Larry Graham fait partie des autres bassistes qui ont compté pour moi-, et c'est en étudiant de près ces artistes que nous arrivions à nous approprier les chansons naturellement.
- Que penses-tu de la scène musicale actuelle ?
- De nos jours, l'esprit de groupe manque à la musique. Aujourd'hui, les artistes appuient sur des boutons, et chantent sur une musique qui se joue toute seule... Je suis de la vieille école. Jaime profondément le savoir-faire des vieux musiciens et je trouve qu'il est bien plus agréable de jouer avec un vrai batteur qu'avec une boîte à rythmes. Il faut retrouver l'esprit authentique des groupes, car c'est de là que viennent tous les grands chanteurs. Je pense que ça finira par revenir. Dites aux musiciens de s'orienter dans cette voie et de former des groupes !
Les basses de Jermaine
Les premières années suivant l'explosion des Jackson 5. Jermaine joue sur une Gibson EB-3 avant d'adopter des Jazz Bass : des modèles rouge. Silver Sparkle, et Sunburst. En 1975, il quitte le groupe et sort son troisième album solo, My Name is Jermaine l'année suivante. Sur la pochette, il arbore fièrement une Alembic Séries I. Les années suivantes, la star opte tour à tour pour des Steinberger XS-1FPA Custom (1983), des Jackson Concert (1989) et des Ibanez (2001). En 1984, à l'occasion de la grande tournée de reformation « Victory Tour », Jermaine fait sensation avec des basses au look surprenant et il faut l'avouer, pas toujours du meilleur goût : « Je suis allé dans un magasin appelé Norman's Rare Guitars pour acheter toutes les basses Fender qui avaient un bon manche. Je les ai démontées pour la création de modèles entièrement personnalisés en forme d'araignée, de fourmi, de papillon et de mitrailleuse. Ces basses valaient quarante ou cinquante mille dollars. Elles s'allumaient et brillaient dans tous les sens. Par contre, j'étais obligé de faire fabriquer des flight cases sur mesure. « Ces dernières années, Jermaine joue principalement des Warwick Custom (modèle Corvette $$ Black Metallic Sparkle).
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