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Les bassistes de Michael Jackson - 1ere Partie

  • Publié par Funky Thug
  • dim 17 janv. 16 - 23:09
  • Genre: rnb

Les bassistes de Michael Jackson

 

Il y a six ans et demi, le monde perdait son Roi de la Pop à quelques semaines seulement de son retour prévu à Londres pour une série de spectacles pharaoniques. En septembre 2012, l'album Bad, orphelin de son auteur, fêtait son vingt-cinquième anniversaire avec la sortie d'une réédition luxueuse agrémentée d'inédits et d'un live enregistré à Wembley en 1988. Pour l'occasion, Bassiste Magazine a décidé de rendre hommage à la star en retraçant quatre décennies de grooves intemporels qui ont fait danser la planète. De l'indémodable « I Want You Back des Jackson 5 (1969) a « This Is It » (2009), en passant par Off The Wall (1979), Thriller et l'inclassable « Billie Jean » (1982), sans oublier les tournées démesurées qui ont suivi la sortie des albums Bad (1987), Dangerous (1991) et HIStory (1995), nous nous sommes intéressés de près aux bassistes qui ont largement contribué à la fabrication de l'immense œuvre de Jackson. En guise de cadeau de Noël, Jermaine Jackson, le mythique bassiste de la plus célèbre fratrie de la soûl nous a fait l'immense honneur d'accorder une interview à Bassiste Magazine. Une grande première pour un mag de basse dont nous ne sommes pas peu fiers...

Par Paolo Coccina et Sebastien Benoits.

En Studio

James Jamerson

Les Jackson 5 ayant commencé leur carrière sur le label Motown, il est normal que leur route ait croisé celle du légendaire bassiste James Jamerson, celui qui a signé les lignes fabuleuses des tubes de la plupart des artistes de la célèbre maison de disques de Détroit de Stevie Wonder a Diana Ross en passant par les Four Tops, Marvin Gaye ou les Temptations. Avec sa Fender Précision '62, montée avec des cordes filées plat La Bella, Jamerson jouera notamment une phénoménale partie de basse sur «Darling Dear», le dernier titre du « Third Album » des Jackson 5 paru en 1970, offrant un contrepoin idéal à la voix d'un Michael Jackson alors âgé de 11 ans, et surtout influencera d'une manière ou d'une autre tous les bassistes qui lui succèderon ensuite aux côtés de la star.

 

Chuck Rayney

Qui de plus légitime que Chuck Rainey pour succéder à James Jamerson ? Le ténor des studios de New York, puis de Los Angeles à partir de 1972, figure également déterminante dans l'avènement de la basse électrique et dont les crédits faramineux mentionnent aussi bien Louis Armstrong que Steely Dan, Aretha Franklin, Quincy Jones ou The Suprêmes, sans parier d'innombrables musiques de films ou de pubs, a lui aussi participé à la grande saga des Jackson 5 C’est cet empereur du groove qui joue la basse du single «Dancing Machine» paru en 1974, extrait de l'album du même nom : « Michael était l'un des plus grands talents que j'ai jamais vu. Il avait un sens du tempo exceptionnel qui sans aucun doute a contribué à faire de lui un chanteur, un danseur et un performer de premier plan. « Don’t Stop Til You Get Enough » et « Billie Jean » sont deux de mes chansons favorites, même si j'aurais souhaité entendre un peu plus la basse de Louis Johnson. Je n'ai rencontré Michael qu'une seule fois dans un aéroport ; Jermaine m'avait reconnu, remercié pour « Dancing Machine » et m’avait ensuite présenté à toute la famille. »

 

Wilton Felder

Ce bassiste a joué sur de nombreux enregistrements des Jackson 5 dont le fameux «I Want You Back» en 1969. Ses nombreux talents, car il était également saxophoniste (avec les Crusaders notamment), lui ont permis de créer cette ligne de basse mémorable avec ces chromatismes qui complètent la mélodie tout en soulignant les harmonies.

 

 

Anthony Jackson 

Avec un nom prédestiné, l'immense maître de la six cordes a également payé de sa personne dans la grande saga Jackson en participant à la bande sonore du film The Wiz sorti en 1978 dans lequel Michael tenait l'affiche aux côtés de Diana Ross Écoutez notamment les deux lignes de basse étincelantes sur les morceaux «You Can't Win» et «Ease On Down The Road».

 

Nathan Watts


Il était inévitable que le bassiste (depuis plus de trente ans !) et directeur musical de Stevie Wonder croise un jour la route de Michael Jackson : « Je suis né à Détroit la ville de la Motown. J'allais souvent traîner du côté des studios et j'espionnais par la lucarne. J'étais fasciné par James Jamerson que j'ai eu la chance de rencontrer par la suite lorsque je jouais avec Stevie. J'ai eu l'énorme privilège de jouer sur les albums « Destiny » et « Triumph » des Jacksons (parus respectivement en 1978 et 1980). Non seulement Michael est l'un des plus grands artistes de tous les temps, mais c’était l'une des personnes les plus gentilles que je n’ai jamais rencontrées. Pour les basses, il me laissait faire à ma guise, sauf peut-être pour le titre «This Place Hôtel» où il s'est mis à danser et à chanter rythmiquement pour me montrer ce qu'il voulait. C'était un maître du groove. Ensuite, il est arrivé avec «Say, Say, Say», cette chanson en duo avec Paul McCartney (parue en 1983 sur l'album Pipes of Peace de ce dernier). Je pensais ne faire qu’une démo et que McCartney allait rejouer la basse, mais finalement il l'a laissée telle quelle. Je dois beaucoup à Michael qui me manque terriblement »

 

 

Louis Johnson

 

L'exceptionnel Louis « Thunder Thumbs » Johnson tient une place à part dans cette évocation des bassistes de Michael Jackson ne serait-ce que parce qu'il a joué sur « Thriller » (1982), l'album le plus vendu de tous les temps ! Auparavant le grand maître du slap, avait posé ses basses élastiques sur l'album précédent « Off the Wall » ( 1979), et par la suite sur «We Are the World»(1985), « Dangerous » (1991) et « HIStory » (1995). En somme, une longue collaboration qui commence lorsque Quincy Jones rencontre les frères Johnson en 1975 : « Quand ils sont entrés dans le studio et qu'ils ont commencé à jouer, je ne pouvais en croire mes oreilles ! Dès que Louis, le plus jeune des deux (à peine 20 ans), a pris la basse, le silence s'est fait dans le studio et tous les yeux se braqués sur lui. Sa virtuosité était incroyable ! » a confié le producteur. Quincy Jones, très impresssionné, produit donc « Look Out For #1 », le premier album des Brothers Johnson qui sort en 1976, la fameuse année de l'album solo de Jaco Pastorius et de School Days de Stanley Clarke. En parallèle, Quincy qui a déjà commencé l'écriture de son propre album « Mellow Madness » requiert les services des frangins qui en cosignent quatre chansons.

Sous la houlette de « Q », Louis Johnson devient rapidement l'un des bassistes les plus demandés du pays et surtout se retrouve impliqué pour tenir la basse sur les albums de Michael Jackson créant les lignes immortelles des «Dont Stop ‘Til You Get Enough», «The Girl Is Mine» ou autres «Billie Jean». Le musicien a accepté de répondre à nos questions.

- Quand tu enregistrais Thriller, étais-tu conscient de ce qui était en train de se produire ?
- Tout s'est fait de façon très naturelle. Je connaissais bien Michael qui avait déjà assuré des vocaux pour les Brothers Johnson (album Light Up the Night sorti en 1980 qui contenait le fameux «Stomp») et qui venait parfois nous voir en concert. Il aurait transporté la sono pour nous (rires) ! En studio, nous discutions ensemble des lignes de basse et ensuite je concrétisais les idées en essayant de les sublimer. Michael a toujours été très cool avec moi. Il me faisait entière confiance. Parfois il me disait : « Ce passage doit être intense, vas-y mets la sauce ! »

- Les conditions d'enregistrement étaient-elles différentes par rapport à celles de l'album précédent « Off The Wall » ?
- L'enregistrement de « Off The Wall » était une expérience encore meilleure pour moi. Quincy m'avait laissé une liberté totale. J'étais là sans aucun problème conflictuel, sans aucune partition, seulement moi avec une basse et l'Esprit de Dieu me nourrissant de tout le feeling musical nécessaire. Je me souviens de l'excitation à la fin de chaque prise quand on se ruait dans la cabine pour écouter, conscients qu'on était en train de vivre des instants magiques. Ce qui était remarquable, c'était la grande diversité musicale pratiquée y compris dans le cadre d'un même album. Dans « Thriller » notamment on trouve les grooves hypnotiques de « Billie Jean » ou «Wanna Be Startin'Something» mais aussi ce slap léger de «The Lady In My Life» qui contraste bien avec l’ambiance de cette ballade très soft. Sur «P.Y.T.», le tempo se fait plus pressant très adapté au slap sur le pont alors que sur « The Girl Is Mine » (le duo avec Paul McCartney) il fallait une ligne de basse à la James Jamerson. Si on y ajoute la guitare hard d’Eddie Van Halen sur «Beat It», c'était en fait un échantillon très largement représentatif de la musique de ces années 80.

- Quelle est la ligne de basse dont tu es le plus fier ?
- Sans hésiter, c'est celle de «Get On The Floor» sur l'album « Off The Wall ». La dernière fois que j'ai vu Michael, c'était dans son studio pour «Come Together» (album « HIStory » 1995). Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi drôle, un véritable et pur artiste ! Je suis terriblement attristé par sa disparition.

 

Bobby Watson

Peu de gens le savent, mais ce n'est pas Louis Johnson qui a signé la ligne de basse de «Rock with you» sur « Off The Wall » (1979), mais Bobby Watson, bassiste de Rufus. Ce dernier a enregistré plusieurs titres de l'album, mais ses prises ont malheureusement été remplacées par celles de Louis Johnson à l'exception de « Rock with you ». Selon Bruce Swedien (ingénieur du son historique de Michael), Louis Johnson n'a pas réussi à recapturer la magie de l'enregistrement de Bobby. Par conséquent, c'est la prise de Watson qui a été conservée.

 

 

Nathan East

Il serait fastidieux de dresser la liste de crédits de Nathan East, un bassiste qui tient le haut du pavé depuis bientôt quarante ans. passant sans effort de Phil Collins ou Eric Clapton a Quincy Jones Toto, ou Wayne Shorter tout en pilotant le super groupe Fourplay dans lequel il tient une place de plus en plus importante. On sait moins qu'il a fait partie intégrante de l'histoire des Jacksons, en jouant sur « Victory » (1984), le dernier album des six frères réunis, puis avec Michael Jackson sur « BAD » (1987), « HIStory » (1995) et « Invincible » (2001).

- C'est Jermaine Jackson qui tenait la basse pendant le Victory Tour. Est-ce qu'il s'est inspiré de ce que tu avais fait sur l'album ? Est-il venu te demander conseil ?
- Il n'en a pas eu besoin. Jermaine est un grand bassiste en plus d'être un bon ami ! C'est plutôt moi qui me suis inspiré de ce qu'il a fait pendant les années Jackson 5 essayant de perpétuer l'esprit musical unique qui régnait dans cette famille incroyable. C'était vraiment un grand honneur que de travailler avec eux, sachant que je m'inscrivais dans la grande lignée des James Jamerson, Chuck Rainey et autres Nathan Watts

- Tu as ensuite joué sur plusieurs albums de Michael Jackson. Quel était ton sentiment à ce moment-là ?
- Michael était un amour en studio, détendu et souvent à plaisanter. Il était extrêmement doué et savait exactement ce qu'il voulait faire. Il y avait tellement à apprendre de lui. Il n'intervenait pas vraiment au niveau de la basse sauf quand Quincy Jones sortait de la cabine et venait me chanter un riff ou une phrase imparables que Michael venait de lui souffler. A chaque fois, j'étais ébloui devant tant de talent et le sentiment de fabriquer l'histoire. Je me souviens lors de l'enregistrement de «I Just Can't Stop Loving You» (album « BAD ») d'avoir imaginé la chanson faire le tour du monde à la radio. Michael était l'un des plus grands artistes de tous les temps, chanteur, danseur, créateur de chansons, producteur... Il n'y aura jamais plus personne comme lui. C'est une perte énorme pour nous tous.

 

 

Guy Pratt


Le successeur de Roger Waters au sein de Pink Floyd peut se targuer d'avoir créé la basse de «Earth Song» sur l'album « HIStory » (1995) avec, comme le raconte lui-même Guy Pratt, un Michael Jackson caché derrière la table de mixage : « Je m’étais inspiré de la ligne de basse de «BAD», parce que je m’imaginais que Michael aimerait ça et j'ai ajouté une grosse dose d'octaver, un peu comme un Pino Palladino punk (rires) ».

 

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