Le Complot Contre Michael Jackson - (Le Livre) 2eme Partie

Le Complot Contre Michael Jackson

L'auteur de ce bouquin est une journaliste américaine qui a suivi le procès de Michael Jackson "de l'intérieur". Elle dévoile donc les "dessous" du procès de 2005.

Le livre adhère au dossier Jackson avec beaucoup de professionnalisme. L'auteur, autorisée par le juge à accéder aux pièces à conviction et transcriptions des audiences du procès, livre ainsi une synthèse documentée des accusations de pédophilie dont Michael Jackson a fait l'objet. Ce n'est donc pas un livre "people" ni un livre "révélation" qui mettrait à jour des détails jusqu'ici ignorés. Aphrodite Jones souligne les points-clés du dossier et présente les témoignages principaux (défense et accusation) en soulevant leurs incohérences.

A la différence de la majorité des auteurs ayant écrit sur Michael Jackson, Aphrodite Jones s'abstient totalement de faire des commentaires personnels sur les faits, des interprétations ou même de proposer son analyse de la situation. Elle s'en tient à ce qui s'est dit dans la salle d'audience et laisse totalement de côté le sensationnalisme qui prédominait à l'époque.

Si le livre est une excellente source documentaire sur ce dossier, il ne s'agit pas, par contre, d'un livre "mémoire", retraçant le procès dans tous ses aspects. En effet, Aphrodite Jones ne mentionne que très peu la frénésie médiatique entourant le tribunal, le traitement « people » du dossier; elle n'a pas cherché à interroger des sources proches de Jackson pour ensuite détailler ses émotions les plus intimes, pas plus qu'elle ne cherche à les interpréter. 

La préface est rédigée par Thomas Mesereau, avocat principal de Michael Jackson dans cette affaire. Il ouvre un questionnement capital sur la place des médias dans les procès de grande envergure. Il évoque les enjeux financiers et économiques soulevés par ces affaires et les cibles privilégiées que constituent les célébrités.

Le livre fait environ 300 pages dont une trentaine de pages de photos en noir et blanc (photos du ranch Neverland + des personnages-clé de l'affaire). L'écriture est fluide et le vocabulaire accessible. L'ouvrage peut aussi bien convenir aux fans qu'aux non-fans curieux de s'informer sur les accusations de pédophilie dont Michael Jackson a fait l'objet.

Aphrodite Jones n'est pas à proprement dit une inconditionnelle de Michael Jackson à la base. Elle a suivi le procès en pensant, comme beaucoup de journalistes, en la culpabilité de Michael Jackson. Elle s'est vite rendu compte, que l'accusation ne tenait pas la route.

Interview d'Aphrodite Jones (à l'époque de la promo de son livre en 2008)

Aphrodite Jones est une journaliste et écrivain américaine, élue Meilleur Auteur par le New York Times. Après avoir publié sept livres couronnés de succès dont trois adaptés à l'écran, elle a décidé de consacrer son huitième ouvrage à Michael Jackson et, plus spécifiquement, au procès pour pédophilie dont le chanteur a fait l'objet en 2005. Ses préjugés à l'égard de la star étaient loin d'être positifs, ce qu'illustraient ses interventions souvent virulentes sur Fox News en tant que commentatrice du procès.

Une fois l'agitation médiatique apaisée, elle s'est engagée dans un travail de documentation impressionnant, étudiant les transcriptions des audiences et les pièces à conviction auxquelles le juge lui a donné accès, interrogeant longuement le président du jury ayant acquitté Michael Jackson ainsi que Thomas Mesereau, avocat de la défense. Elle s'est également nourrie de son expérience au sein des médias pour écrire le livre. En effet, elle a elle-même assisté à toutes les audiences. Le résultat, c'est un livre baptisé "Le complot contre Michael Jackson", qui offre une plongée inédite dans l'un des plus grands procès du siècle, éclairant par là même le monde souvent jugé mystérieux du chanteur.

Elusive Shadow: Aphrodite, bon nombre de gens se demandent comment tu t’es retrouvée à couvrir le procès Jackson…
Aphrodite Jones : Je suis venue au procès en tant qu’auteur… Je couvrais également le procès pour FOX News en tant que journaliste mais mon objectif premier était d’écrire un livre… Un autre écrivain était présent : Randy Taraborelli. Mais lui, il n’écrivait pas un nouveau livre sur Michael Jackson ; il « mettait à jour » la biographie qu’il a écrite il y a plusieurs années.

Nous avons reçu beaucoup de courrier au sujet du livre et une question qui revient souvent, c’est « Comment Aphrodite Jones a-t-elle trouvé des informations sur l’affaire ? ». Cela semble peut-être évident aux Etats-Unis mais ça l’est beaucoup moins en France !
J’étais dans la salle d’audience CHAQUE jour pendant le procès… J’ai pris des notes, beaucoup de notes. J’ai réussi à obtenir les transcriptions des audiences parce que j’ai été élue meilleur auteur par le New York Times et aux USA, les gens le savent. J’ai écrit sept best-sellers et trois d’entre eux ont donné lieu à des films, le plus célèbre étant « Boys Don’t Cry » avec Hilary Swank. De ce fait, j’ai beaucoup de « contacts » dans le milieu judiciaire.

Quel est le souvenir le plus fort que tu gardes de ce procès, à titre personnel ?
Très probablement les fans que j’ai rencontrés devant les grilles de Neverland . Ils m’ont beaucoup marquée parce qu’ils étaient très passionnés et complètement persuadés que Michael Jackson était victime d’un coup monté. Un autre souvenir fort, c’est le jour où Michael Jackson m’a dit bonjour… J’étais frappée par la manière dont on le percevait. On le voyait comme un « objet » mais pas comme une personne normale, qui marche et qui parle…

Justement, dans le livre, tu racontes ce moment où tu es « tombée sur lui » dans le tribunal. Mais tu l’as aussi vu de manière plutôt régulière pendant le procès. Quel souvenir gardes-tu de lui ?
Le moment qui m’a marquée le plus concernant Michael, c’est le jour où il s’est retrouvé seul au tribunal. Il était arrivé en avance et je le voyais assis dans sa voiture, il avait l’air tellement triste et seul. Pour la première fois, j’ai réalisé qu’il n’avait vraiment personne au monde avec qui rester. Il n’a pas du tout d’amis… Ce jour là, j’ai vraiment pris conscience de la rançon du succès… Bien sûr, sa mère était là pour le soutenir… mais elle ne pouvait vraiment rien faire pour l’aider…

Et puis, un jour, peu avant la fin du procès, tu as décidé de te rendre à Neverland et de discuter avec les fans qui attendaient devant le portail. Dans l’introduction de ton livre, tu évoques ton envie de « faire la paix » avec eux. Qu’est-ce qui a suscité ce genre de réaction ?
Ils me mettaient dans le même sac que Diane Dimond (Note : une journaliste qui exprime ouvertement et avec virulence sa conviction que Michael Jackson est pédophile)… En réalité, j’étais loin d’avoir autant d’a priori sur Michael Jackson qu’elle en avait à l’époque (et qu’elle a toujours aujourd’hui !). Je voulais qu’ils sachent qu’au fond, moi aussi j’étais « fan » de Michael Jackson dans le sens où j’aimais sa musique, je me contentais simplement de rapporter [dans les médias] ce que je voyais dans la salle d’audience… Mais ils ne me croyaient pas. Ils ont tout de même vu que j’étais différente des gens qui tentaient de tirer profit des malheurs de Michael Jackson. Dans les médias, beaucoup de gens « détestaient » Michael Jackson… mais je n’en faisais pas partie, même si c’est ce que les fans pensaient…

Si aujourd’hui tu avais l’occasion de revoir Michael Jackson, que lui dirais-tu ?
Si je pouvais rencontrer Michael aujourd’hui, je lui dirais de sortir de l’ombre, de remonter sur scène. Je lui dirais « d’être là » pour ses fans. Je lui dirais d’arrêter d’avoir peur des médias, de ne pas se laisser gagner par la paranoïa… Simplement de sortir et de donner du bonheur aux gens, d’aller sur scène… car c’est ce que tout le monde attend de lui !

En France, ce procès est resté relativement « confidentiel » dans les médias… Il y a eu quelques émissions dessus , quelques courts reportages au journal télévisé au début et à la fin du procès ainsi que le jour où Michael Jackson est arrivé en pyjama au tribunal. Aux Etats-Unis, c’était visiblement loin d’être la même histoire …
Ce procès faisait la une des journaux télévisés tous les jours, aux Etats-Unis. Et tous les jours, il s’affichait en première page des journaux. Ici, c’était « le plus grand procès depuis celui d’OJ Simpson ».

Nous n’allons pas trop entrer dans les détails car le livre aborde de l’intérieur cette frénésie médiatique… Tu as déclaré dans une interview que le public s’intéressait "au linge sale des autres". D’ailleurs, Michael Jackson n’est pas la seule star à être malmenée par les médias. De ton point de vue, qui est responsable de ça ?
Les médias sont responsables quand ils traînent des célébrités dans la boue. Britney Spears est la nouvelle victime. On m’a appris récemment que le magazine "People" employait 27 journalistes dont le seul rôle consiste à écrire des articles sur ELLE, et ELLE SEULE ! C’est malsain. Mais en même temps, nous avons aussi évolué vers une société qui se préoccupe de savoir si Britney porte ou non des sous-vêtements… Je pense que c’est finalement un refus de prendre nos responsabilités face aux VRAIS problèmes, comme le réchauffement climatique et le terrorisme. Le public écoute tout ce que les médias disent et le gobe comme un bébé engloutirait la nourriture donnée par sa mère… Nous devons absolument mettre un terme à cette façon de penser, arrêter de considérer ce que disent les médias comme "parole d'Evangile". Ce n'est pas le cas !

Est-ce que tu crois qu’il faudrait "éduquer les gens aux médias" de la même manière qu’on leur apprend l’écologie ou la politesse ?
On m’a récemment demandé de venir parler plus en détail de la partialité des médias dans une émission spéciale d’HBO, qui sera diffusée prochainement. C’est un sujet important, ici, aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, est-ce que cette expérience avec le procès Jackson va changer ta manière de faire du journalisme ? Est-ce que tu te sens capable de résister à la pression que les chaînes de télé imposent aux journalistes pour qu’ils révèlent les détails les plus sordides ?
J’y réfléchis… mais une chose est sûre, le sujet est sensible : plus on attaque les médias, moins on a d’amis parmi eux !