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La Saga Death Row Part 3

  • Publié par Funky Thug
  • dim 21 févr. 16 - 19:32
  • Genre: rap

Au centre de la stratégie du label, les rappeurs sont marketés comme d’authentiques gangsters. Si l’image qu’ils se donnent et leurs lyrics sont en adéquation avec le mode de vie promu par Death Row, tous ne sont pas d’authentiques OG. À commencer par l’architecte sonore, Dr. Dre qui n’appartient à aucun gang et s’échappe de Compton dès ses premières royalties encaissées. Fait intéressant, c’est souvent une fois la notoriété acquise que les soucis judicaires s’accumulent. Un peu comme 2Pac dont le casier est désespérément vierge avant son arrivée à Los Angeles en 1992. Fasciné par la culture des gangs ce dernier, qui se voyait initialement acteur, s’approprie alors tous les codes du gangsta rap et les pousse à leurs paroxysmes.

Dans son livre Have Gun Will Travel, Ronin Ro le dépeint comme une personne en mal avec sa virilité, souvent moqué par ses congénères. Il deviendra par la suite le personnage que l’on sait, à base de tatouages, d’éloge du gangstérisme et autres incartades judiciaires d (échange de tirs avec des policiers en civil, agression sexuelle, attaque avec une batte de base-ball…). Snoop est quant à lui une petite frappe qui cumulera trois condamnations pour ventre de drogue avant la sortie de son album. Si aucun de ces rappeurs n’est donc à proprement parler un voyou, reste que dans le paysage musical, la clique défraye la chronique. Snoop s’est fait virer de neuf studios en enregistrant DoggyStyle, Dre cogne une présentatrice télé, Tupac agresse à la batte de baseball les réalisateurs Albert et Allen Hugues…

Le rappeur gangsta tue devant les caméras. Et regagne sa villa en Porsche Carrera – Doc Gynéco

En patriarche soucieux des apparences, Suge Knight présente Death Row avant tout comme une famille, un label qui dépasse le simple cadre de la musique. Le concept séduit les artistes, la plupart dans leur petite vingtaine, issus de foyers brisés. Suge ira même jusqu’à devenir le père adoptif de Danny Boy, un jeune chanteur chicagoan âgé de 15 ans lors de sa signature. Là encore un parallèle peut être fait avec la culture des gangs, ces organisations tribales qui se veulent des familles de substitution. L’intérêt du label passe avant ses membres, rare sont ceux qui auront la chance de récolter pleinement les fruits de leur travail. Il faut dire que Suge y met du sien pour truander tous ceux qui travaillent avec pour lui.



Unique propriétaire de tous les masters, il organise les sorties et les tracklists des albums à sa guise et considère rappeurs et musiciens comme des subalternes. En signant chez Death Row, ces derniers doivent également accepter de le prendre comme manager, un évident conflit d’intérêt dont l’artiste subit les dommages – Suge Knight inaugure d’une certaine manière les deals à 360°. Plus préjudiciable, les artistes se retrouvent très souvent spoliés en acceptant des contreparties matérielles douteuses : droits d’édition cédés contre une chaîne en or, royalties payées avec une voiture ou un salaire mensuel couvrant à peine leurs dépenses… Bien sûr ils sont conviés aux très réputées soirées Death Row où l’on trouve weed et strip-teaseuses en abondance, mais à la fin de la journée le label ne fait qu’entretenir l’illusion d’un style de vie. C’est ainsi que Nate Dogg confiait être dans l’obligation de dealer pour payer son essence afin de se rendre en studio. On se rappelle également qu’à la mort de 2Pac, malgré avoir écoulé plusieurs millions de copies de All Eyes On Me, son compte en banque n’était crédité que de quelques centaines de dollars.

I know I’m selling my soul to the devil – 2Pac

 

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