Geraldine Hughes : Du « Coup monté » à la « Rédemption »
Interview qui date à l'époque du second procés de Michael Jackson en 2005.
Les nouvelles accusations portées contre Michael Jackson ont été traitées comme un incroyable show de Télé réalité. Cette affaire, au décollage fulgurant, patine depuis que la Police de Santa Barbara peine à apporter des éléments et des preuves convaincantes. On ne nous a rien épargné : de l’arrestation de MJ (menotté) en direct-live aux interventions des « spécialistes du cas Jackson » toujours au courant de « nombreux détails relatifs à cette affaire », qui, présentée comme un vrai show, nous rappelle les plus belles heures de l’affaire OJ Simpson.
Mais il ne faut surtout pas perdre de vue que cette histoire se déroule dans la réalité. L’affaire Michael Jackson version 2003 est l’histoire d’un citoyen américain accusé d’avoir molesté un enfant. C’est l’histoire d’un jeune garçon qui accuse une superstar. C’est l’histoire d’une famille en pleine procédure de divorce, et qui se dispute la garde de l’enfant. C’est aussi une histoire qui ressemble à un remake de « 1993 ». C’est en fait l’histoire de tellement de choses que cela ne peut être résumé comme les médias le font depuis le début.
Geraldine Hughes a été la secrétaire de Barry Rothman pendant les premières accusations de 1993. Rothman était alors l’avocat du père du jeune garçon accusant Michael Jackson (lire l’article de Mary Fisher sur ce site). Elle a écrit un livre : Michael Jackson : Redemption : the Truth Behind the Michael Jackson Child Molestation Allegations (Branch and Vine Publishers) dont la sortie est prévue en janvier prochain. Jusqu’à présent, son projet et ses paroles n’ont pas obtenu l’attention qu’ils méritent auprès des médias. Espérons que cela changera prochainement. Aujourd’hui, elle accepte de partager ses pensées et ses sentiments et nous en dit plus sur ce qui s’est passé en 1993.
MICHAEL JACKSON data bank : Comment pourriez-vous vous présenter aux yeux des fans et du public en général ?
Geraldine Hughes : Je suis la secrétaire qui a exclusivement travaillé pour Barry Rothman, l’avocat qui représentait le père du jeune garçon ayant accusé Michael Jackson.
MJdb : Pendant combien de temps avez-vous travaillé pour Barry Rothman ?
GH : J’ai travaillé pour lui avant, pendant et après les allégations d’agression sur mineur, sur une période de 6 mois qui doit s’étendre de juin-juillet à novembre 1993.
MJdb : Barry Rothman vous décrit comme une personne assez secrète, et ajoute qu’il n’avait pas besoin d’assistante car il fonctionne plus par rendez-vous que par prise de notes. Que répondez vous à cela ?
GH : C’est tout à fait vrai. Le fait de ne pas prendre de notes est un comportement anormal de la part d’un avocat professionnel respectueux des lois et pratiquant ces dernières auprès de ses clients.
AU SUJET DE 1993
MJdb : Comment décririez-vous les familles Chandler & Scwhartz ?
GH : Au début, ils n’étaient pas en bons termes alors qu’ils se disputaient la garde de l’enfant. Mais dès qu’il a été question d’argent, c’est comme s’ils avaient décidé d’unir leurs forces. Ensuite, ils ont lancé les poursuites judiciaires.
MJdb : A quel moment vous êtes vous rendus compte qu’il s’agissait d’un coup monté ?
GH : Lorsque Rothman a conseillé Chandler sur la manière de transmettre un rapport d’agression sur enfant en utilisant une tierce personne sans engager la responsabilité d’un parent. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’inhabituel en voyant un avocat agir ainsi avec son client.
MJdb : A votre avis, pourquoi Mr Jackson et son équipe ont décidé d’opter pour un arrangement financier avec la famille au lieu d’aller devant la cour ?
GH : Jackson a eu raison. Le système légal n’allait pas dans son sens. Il venait de perdre 4 motions face à la cour et il aurait du en gagner deux. Parce qu’il a perdu, les avocats de Chandler s’apprêtaient à l’assigner en justice. Cela l’aurait conduit à révéler l’ensemble de sa situation financière privée. D’autre part, les enquêteurs guettaient le moment où ils pouvaient avoir accès à ces informations via les procédures civiles (qui sont moins restrictives que les procédures criminelles).
MJdb : Quelles sont ces motions auxquelles vous faîtes référence ?
GH : La première motion devait permettre à l’affaire civile d’empêcher la mise en route des poursuites criminelles. La seconde traitait des conditions du procès et de son organisation, ce qui leur permettait d’effectuer un procès rapide en 90 jours. Une affaire de cette envergure demandait plus de temps pour préparer une défense. Comme ils ont autorisé le déroulement du procès civil avant le criminel, cela a permis au bureau du Procureur Général d’attendre patiemment qu’une preuve incriminant Michael au criminel ne fasse surface, en utilisant des tactiques et des procédures non autorisées dans l’affaire criminelle. L’avocat de Michael a déposé une motion interdisant au bureau du Procureur Général d’obtenir des informations recueillies au cours des procédures civiles. Il a également perdu cette dernière. Je peux honnêtement dire que les événements qui se sont déroulés devant la cour sont responsables à 95% des raisons qui ont poussé Michael à payer. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être coupable. Ils ont également estimé que le procès pouvait durer entre 8 et 9 mois. Cela aurait coûté 4 fois plus à Michael que l’arrangement financier car il avait engagé des avocats très chers. De plus, il n’était pas garanti, après avoir dépensé tout cet argent, que la cour jouerait en sa faveur. Jusqu’à cet instant, ce n’était pas le cas.
MJdb : Lors d’une interview accordée en 1995, Mr Jackson a dit que ses avocats lui ont conseillé de payer en ajoutant que « la justice risquait de ne pas l’emporter ». Que pouvez vous dire à ce sujet ?
GH : Ils l’ont bien conseillé. Il était évident que le système jouait en faveur du jeune garçon.
MJdb : Que voulez vous dire par « évident » ?
GH : Deux des motions que la cour a validées contre Michael étaient des cas de jurisprudence déjà reconnus qui auraient du jouer en sa faveur. Ses avocats ont fait du très bon travail lorsqu’ils ont avancé devant la cour ces cas de jurisprudence qui, généralement, n’autorisent pas une affaire civile de précéder une affaire criminelle. Cela violait le droit de Michael de ne pas s’auto-incriminer, ce qui représente une protection dans la Constitution des Etats Unis.
REDEMPTION
MJdb : Quand avez vous eu l’idée d’écrire un livre ? Pourquoi le titre est passé de The Set-Up (coup monté) à Redemption (Rédemption) ?
GH : L’idée m’est venue en 1997. Je l’ai appelé au départ The Set-Up car c’est exactement ce qui, à mon avis, s’est passé pendant cette affaire. J’ai alors décidé de ne pas présenter l’intrigue de manière si flagrante. J’ai décidé de laisser le public lire tous les faits et de se faire sa propre opinion. Compte tenu de mes convictions religieuses, j’ai préféré ne pas porter la lumière sur le diable, mais de la diriger vers Dieu en réhabilitant Michael Jackson.
MJdb : Comment se sont déroulées les recherches ? Se basent-elles uniquement sur vos notes personnelles, ou incluent-elles d’autres éléments et informations transmises par d’autres personnes ?
GH : J’ai tenu un journal lorsque je travaillais pour Rothman. Je me suis également rendu à la cour et j’ai pu recueillir beaucoup de faits qui s’y sont déroulés. J’ai recréé l’histoire toute entière, du début jusqu’à la fin, et l’ai divisée en chapitres traitant des événements importants liés aux allégations et à l’extorsion.
MJdb : Pourquoi cela a pris autant de temps pour sortir ce livre ? Quelle est sa date de parution ?
GH : Cela m’a pris 3 ans pour écrire ce livre (1997-2000). En 2001, je savais que j’allais exercer en tant que missionnaire et je ne voulais pas que le livre interfère avec le travail effectué par le ministère; c’est pour cela que j’ai mis le projet de côté. Ma mère me suppliait sans cesse de sortir ce livre, et je l’ai même laissée me trouver un éditeur. Elle est décédée l’an passé et cette année, au mois de juillet, j’entendais toujours sa voix me dire de publier le livre. Je pris alors la décision de ne pas m’arrêter tant que je n’avais pas trouvé un éditeur. J’en ai trouvé deux mois plus tard. Nous avons travaillé sur la mise en forme du projet pendant deux mois. Au départ, la sortie était prévue courant janvier 2004. Mais à présent, avec la nouvelle affaire, et le public qui recherche la vérité, nous essayons d’avancer cette date au premier janvier 2004.
2003
MJdb : Cette nouvelle affaire semble être un remake des événements de 1993, mais dans un contexte différent : j’ai l’impression que la mère du jeune garçon a tenté d’obtenir une affaire civile avec un arrangement financier. Mais la loi a changé, et la volonté de l’équipe de Jackson d’aller devant la cour change pèse aussi dans la balance. Pensez-vous que la mère avait comme première intention de se diriger vers un arrangement financier ?
GH : Je pense que pas mal d’informations indiquent que la mère a tenté d’obtenir de l’argent au départ, et lorsque ses tentatives ont échoué, elle a fait « comme dans l’affaire Chandler ». Cependant, ils ne sont pas aussi rusés qu’eux, et leur plan n’est donc pas aussi minutieusement préparé.
MJdb : De manière générale, comment compareriez vous l’affaire de 1993 à celle-ci ?
GH : L’argent, la cupidité, le scandale, l’extorsion. Tout cela sauf la ruse. C’est pour cela qu’ils tentent d’emprunter le même chemin (avec le psychologue et le même avocat). Mais Michael veut aller devant la cour, voilà la différence. Je crois que s’il avait été au tribunal la première fois, il aurait gagné.
MJdb : A quoi peut-on s’attendre dans les semaines à venir ?
GH : A beaucoup de rumeurs, de fausses allégations et l’oeil curieux du public. Je pense que leur affaire s’essoufflera avant qu’il ne puisse retenir des charges contre Michael. Même si le Procureur Général lance les charges, je pense que ce sera un signe d’acharnement. J’espère qu’ils n’ont rien mis dans le Ranch de Michael pendant les recherches.
MJdb : En tant que secrétaire légale, pensez vous que le procès sera fait de manière juste et équitable ? Quelles sont les issues possibles ?
GH : Pas à Santa Barbara. C’est un comté marqué par les préjugés.
MJdb : Pouvez vous nous parler un peu plus de ce comté pour celles et ceux qui ne le connaissent pas ?
GH : Il y a des comtés en Californie où la population Noire est minoritaire. Santa Barbara en fait partie. Je ne dis pas qu’il y a des préjugés sur la couleur ou la race, mais il n’y a pas tellement de métissage dans cette région, c’est une certitude.
MJdb : Que pensez vous du comportement de Tom Sneddon, lorsqu’il a annoncé les accusations avant de s’excuser par la suite ?
GH : Je pense comme tout le monde. Ce n’était pas un bon comportement, cela allait dans le sens inverse de ce qu’il devait dire.
MJdb : Est-ce que le jury peut être influencé par des éléments et des informations extérieurs qui ne sont pas liés à l’affaire ?
GH : Ils ne devraient pas l’être, et sont rappelés à l’ordre s’ils ont une attitude partiale. Je pense que cette affaire attire trop l’attention des médias pour être gérée de manière juste pour Michael.
MJdb : Récemment, Gloria Allred a demandé à ce que la garde des enfants de Mr Jackson lui soit retirée pendant le déroulement de l’affaire. Elle a déjà fait cette requête plusieurs fois dans le passé. Il se trouve qu’elle défendait la famille Chandler en 1993, mais a vite démissionné. Avez vous déjà été en contact avec elle, et si oui, que pensez vous de sa façon de gérer l’affaire de 1993 et de ses récentes actions ?
GH : Elle a travaillé deux semaines sur le précédent dossier, et a démissionné sans raison connue. Je pense qu’elle ferait bien de passer à autre chose et de laisser Michael tranquille.
MJdb : Quels ont vos projet actuellement ? Sur quoi et pour qui travaillez vous ?
GH : Je me suis retiré du monde légal en 2001. Je travaille désormais à temps plein comme missionnaire auprès d’enfants défavorisés. Du coup, je ne sais que trop bien ce que Michael endure. Parmi toutes les activités que nous proposons à nos enfants, les soirées pyjamas font partie des plus demandées. Les enfants, pas Michael, aiment ces soirées et ont plus de facilité à vous attirer dans leur monde, avant que vous ne parveniez à les plonger dans le votre.
MJdb : Vous avez dit que Dieu est aux côtés de Mr Jackson car vous étiez dans le bureau de Rothman il y a 10 ans et êtes à présent capable de donner votre version des faits. Comment voyez vous l’avenir de Mr Jackson ?
GH : Je pense que Michael sera innocenté, et après ces épreuves, il marchera encore plus près de Dieu.
MJdb : Avez vous un message pour Mr Jackson et ses fans ?
GH : Michael est en train de vivre une crucifixion des temps modernes à cause de son message d’amour et de paix qu’il envoie au monde. Il a la fonction d’un messie et Dieu lui a donné, de par son talent, une influence sur le monde entier. Pas pour la gloire de Michael, mais pour que Dieu soit glorifié à travers Michael. Bien que Michael passe par le feu en ce moment, il en sortira pur comme l’or. Je sais que c’est vrai, car nous avons tous été testés et soumis au feu avant que Dieu ne nous consacre pour Sa gloire, et pas la notre.
Richard Lecocq
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