Depuis qu’il s’est libéré du joug de Ruthless Records et son départ de N.W.A., Dr. Dre a fait preuve d’un talent certain pour dégoter des artistes de qualité. On en a eu l’illustration avec un long chien originaire de Long Beach et un petit brun peroxydé débarquant de Detroit. Avec la création d’Aftermath le phénomène s’est intensifié avec le recrutement d’artistes tous azimuts le plus souvent très doués. Cependant pour un Eminem combien de rappeurs signés qui n’ont au final jamais sorti le moindre maxi dans cette écurie, victime des stratégies et du perfectionnisme du bon docteur? Si le label peu s’enorgueillir d’avoir eu un roster de grand prestige, nombre des ses signés n’ont jamais eu l’opportunité de s’exprimer, au point qu’on serait tenter de penser que l’écurie de Dre est un mouroir à talents. Il est vrai qu’au vu des anciens membres partis sous d’autres cieux il est difficile de penser autrement. Petit tour d’horizon de ces artistes passés par le label sans avoir eu l’opportunité de sortir un disque.
Rakim
Après avoir rompu son contrat avec Universal Records suite à la sortie de son deuxième album solo The Master, Rakim sur insistance de Dr. Dre en personne rejoint Aftermath Records en 2000. Un album intitulé Oh My God est annoncé dans la foulée et cette collaboration entre l’un des MC les plus doués de tous les temps et un producteur figurant parmi les plus plébiscités s’annonçait déjà comme un disque mémorable, surtout que DJ Premier était censé y apporter sa patte. Cependant rien ne se passa comme prévu. Les deux hommes ne parvinrent pas à s’accorder sur la couleur musicale de l’opus et la direction artistique souhaitée. Résultat l’aventure tournera court et Rakim quittera le label en 2003. De son passage dans l’écurie du bon docteur ne resteront en vestiges que trois titres: un featuring sur The Watcher Part. 2 de Jay-Z, un autre sur le single de Truth Hurts Addictive et un titre inédit sur la B.O. du film 8 Mile R.A.K.I.M.
Eve
L’histoire de Eve et Aftermath pourrait se résumer à une succession de rendez-vous ratés. C’est le label californien qui repère la jeune fille dans la deuxième moitié des années 90 et lui offre son premier contrat. Malheureusement elle sera vite mise de côté. De son passage dans l’écurie on ne retient qu’un titre, Eve Of Destruction figurant sur la B.O. du film Bulworth. Eve trouvera par la suite asile chez Ruff Ryders Entertainment où elle sortira trois albums de qualité. Dr. Dre qui avait produit sur ses deux derniers opus Scorpion et Eve-Olution parvient à la convaincre de revenir dans son écurie. Un appel du pied qui sera entendu vu que la miss rallie de nouveau Aftermath en 2004. Ce sera malheureusement le début d’une longue pause musicale seulement rompue par des apparitions en featuring sur divers singles. Eve ne parvient pas à sortir le moindre single. Bon prince, Dr. Dre lui conseillera alors de quitter le label. En 2007 elle signera chez Geffen Records dans l’espoir de relancer sa carrière et se rabibochera avec Swizz Beatz avec qui elle bouclera Here I Am, un album qui ne sortira cependant jamais. Elle devrait faire son retour dans les bacs en 2013 avec un nouvel opus intitulé Lip Lock.
Bishop Lamont
Sorti de l’ombre en 2004 avec la mixtape Who I Gotta Kill to Get a Record Deal, Vol. 1, Bishop Lamont rencontrera Dr. Dre au moment du tournage du clip Dreamsde The Game. Il se verra offrir un contrat dans la foulée et rejoindra la prestigieuse écurie en 2005. Présenté directement comme le nouvel espoir du label il est censé être l’intervenant le plus régulier sur Detox, le très attendu troisième album du bon docteur. Cependant Detox ne sort pas et Bishop qui travaille en parallèle sur son premier opus solo The Reformation doit s’armer de patience. Il peut cependant compter sur ses mixtapes et street albums pour continuer à entretenir la flamme. Finalement les incessants reports de The Reformation finiront par avoir raison de sa motivation et il finit par quitter le label en janvier 2010 sans n’y avoir rien sorti. Désormais en indépendant sur son propre label Diocese Records, Bishop qui dit avoir gardé de bons rapports avec Dre ne s’est illustré que par des free realeased. En dépit d’une bonne réputation dans le milieu, sa carrière est dans le creux de la vague.
Stat Quo
Originaire d’Atlanta c’est par ses mixtapes Underground Atlanta que Stat Quo se fera connaitre dans le milieu. Repéré grâce à elles par Dr. Dre et Eminem, il se verra offrir un contrat chez Shady/Aftermath, devenant la troisième signature solo de Shady après 50 Cent (la première étant Obie Trice). Malheureusement pour lui il ne connaitra pas la même trajectoire que son illustre devancier. Son premier album Statlanta originellement programmé pour 2003 sera indéfiniment repoussé. Stat Quo prend son mal en patience et participe à plusieurs projets maisons, s’illustre en featuring et continue d’entretenir son buzz via ses mixtapes (il en sortira plus d’une dizaine). Lassé d’attendre et ne s’estimant pas assez valorisé, il quitte le label en octobre 2008 et se retrouve en indépendant. Il sortira deux street albums en 2009 avant de signer avec Dream Big Ventures le label de Sha Money XL. C’est au sein de cette nouvelle écurie que sortira finalement Statlanta en 2010 dans un relatif anonymat.
Joell Ortiz
Repéré dans la prestigieuse rubrique Unsigned Hype de The Source en 2004, le MC de Brooklyn d’abord approché par So So Def finit cependant par s’engager avec Aftermath. Malheureusement lui aussi fera les frais de la stratégie illisible du label. Au sein d’une écurie misant en priorité sur les ouailles de 50 Cent, Joell n’a jamais sa chance. Sur conseil de Dr.Dre, il fini par sortir son premier albumThe Brick: Bodega Chronicles en indépendant via Koch Records en 2007. Finalement l’aventure Aftermath prendra officiellement fin en avril 2008 et Joell Ortiz se retrouve par la suite lié à E1 Entertainment. Par la suite il intègrera le super-groupe Slaughterhouse avec qui il a enregistré deux albums. Cependant son contrat avec E1 tournera lui aussi court. Les deux parties se séparent en 2010 et Joell décide de rejoindre SRC Records. Le deal ne se conclura finalement pas et il se retrouvera sans contrat. Depuis il a trouvé asile chez Shady Records qui lui a proposé un nouveau contrat. Son prochain album Yaowa est prévu pour 2013.
King Tee
Premier rappeur signé sur Aftermath au moment de sa création en 1996, le vétéran King Tee est logiquement mis à l’honneur sur la compilation inaugurale du label avec deux titres. Dans la foulée il démarre l’enregistrement d’un album produit par Dr. Dre et Battlecat. Le label n’en est cependant qu’à ses balbutiements et le projet est mis en veilleuse au profit d’autres opus jugés plus lucratifs ( The Firm, la B.O. de Bulworth puis les albums de Eminem et Dr. Dre lui même). Un choix qui s’est certes avéré payant mais a conduit à d’incessants reports de l’album du vieux lascar de Compton. Il ne se fera de nouveau entendre que sur Some L.A. Niggaz un des titres de 2001. Finalement le disque intitulé The Kingdom Come finira par sortir en indépendant en 2002. Dans la foulée, Tee quittera Aftermath.
The Last Emperor
Inconnu du grand public, ce MC originaire de Philadelphie forgé par le Lyricist Lounge tape dans l’œil des dirigeants d’Aftermath qui lui offriront sa chance via un contrat. Cependant, et à la différence de la majeure partie des rappeurs passés par le label, sa présence est plutôt discrète. Il n’est en effet sollicité pour aucun projet majeur et ne signe pas le moindre featuring sur les sorties officielles siglées Aftermath. Lassé d’attendre son heure il finit par quitter le label pour divergences artistiques en 2003 et signe dans la foulée chez Rawkus Records. S’en suivra un album Music, Magic, Myth (rebaptisé Palace of the Pretender en Europe). Depuis il n’a refait parler de lui que par le biais de street singles.
Hittman
Enrôlé par Aftermath en 1998, Hittman hérite quasi-automatiquement du statut d’espoir du label. La confiance que lui portait Dr. Dre sera matérialisée par sa participation à 2001 sur lequel il est le principal intervenant (10 apparitions sur les 22 tracks que comptaient l’album). Le dernier rappeur à avoir eu droit à une telle exposition de la part du bon docteur était un certain Snoop Doggy Dogg, il est donc clair que Hittman devait être un des futurs porte-drapeau d’Aftermath. Son premier album Murda Weapon prévu pour 2000 était censé le consacrer. Cependant le projet sera ajourné et très vite la belle histoire prendra fin. Hittman quittera le label dans des conditions obscures en octobre 2001. Sa carrière ne s’en remettra jamais. Il connaîtra une longue traversée du désert et ne sortira finalement son premier opus, Hittmanic Verses, qu’en 2006 sur Sickbay Records. Depuis, il a disparu des radars et on ignore s’il poursuit sa carrière.
RBX
Parti de Death Row en 1994, RBX après un passage sur Premeditated Records, un petit label sur lequel il a sorti son premier album The RBX Files, rallieAftermath dès sa création et participe à la compilation inaugurale. La suite sera cependant nettement moins probante. Il fera les vrais de la redéfinition des priorités du label. Résultat il sera écarté des effectifs d’Aftermath sans avoir sorti le moindre disque. On l’entendra sur 2001, mais son aventure au sein du label tire déjà à sa fin. Son deuxième album No Mercy, No Remorse sortira en indépendant et s’il reste lié au label pendant quelques temps encore, son avenir n’y est clairement plus. Finalement il mettra officiellement un terme à leur collaboration en 2001 et retournera à l’indépendance
Dawn Robinson
Première grosse signature du label en 1997, l’ex-chanteuse du groupe En Voguefera un bref passage chez Aftermath. Elle quittera le label avant la fin de l’année 1997, jugeant que Dr. Dre et son équipe ne sont pas assez diligents dans la mise en œuvre de son projet. Elle s’en ira rejoindre Raphael Saadiq et Ali Shaheed Muhammad avec qui elle constituera le groupe Lucy Pearl. De ses quelques mois passés chez Aftermath, seuls deux titres sont à retenir: les refrains de Firm Biz sur l’album de The Firm et de 6 N ‘Na Moe’nin sur The Kingdom Come de King Tee.
Marsha Ambrosius
La moitié du groupe Floetry s’est vue offrir un contrat en solo chez Aftermathmais aura surtout exercé comme auteur durant son passage au sein du label. Elle s’est également illustrée par de nombreuses collaborations pour divers artistes mais faute de pouvoir sortir un disque, elle finit par quitter Aftermathen 2009 et rejoint J Records quelques mois plus tard. Elle y sortira son premier album solo, l’acclamé Late Nights & Early Mornings en 2011. Devenue à présent une chanteuse de premier plan, elle prépare actuellement son deuxième disqueFriends & Lovers prévu pour 2013.
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