Sortie: 13 Février 1996
Label: Death Row/ Interscope
Producteurs: DJ Quik, Dat Nigga Daz, DeVanté Swing, DJ Pooh, Dr. Dre, Bobby « Bobcat » Ervin, Johnny « J », Mike Mosley, Doug Rasheed, Rick Rock, 2Pac
On avait quitté Tupac Shakur avec un troisième album de très bonne qualité (Me Against The World) et une accusation de sodomie et d’agression sexuelle qui lui a valu une peine de quatre ans et demi de prison. Alors que son avenir musical semble bien sombre, voici que Marion « Suge » Knight débarque comme par enchantement et paye la caution pour sorti 2pac de prison. En contrepartie, ce dernier signe un contrat de trois ans avec Death Row.
L’annonce de cette signature a fait l’effet d’une bombe dans le microcosme hip-hop. Plus qu’un simple alliance de circonstance, Pac rejoignait ainsi le plus prometteur et explosif label de la côte Ouest, constituant avec les Dr. Dre, Snoop Doggy Dogg et autres Tha Dogg Pound une véritable Dream Team rapologique. De plus à l’ouest leur est à l’union depuis l’agression dont Mr Shakur a été victime en 1994 et ses démêlées avec le clan Bad Boy (Notorious B.I.G. en tête). En pleine guerre Est/Ouest donc, la signature de 2Pac est donc un renfort de choix pour l’une comme l’autre partie (Je parle de Pac et de Death Row)
A peine sorti de prison, Mr Shakur voit les choses en grand et signe un retour fracassant en compagnie de Dr. Dre sur le désormais classique California Love. Une véritable boucherie musicale portée par une boucle de piano entêtante et une vidéo inspiré de Mad Max et le dôme du tonnerre. Tupac ne se satisfait cependant pas de ce succès. Il s’enferme littéralement en studio et travaille d’arrache-pied à la conception d’All Eyez On Me. Il est attendu au tournant et il le sait. Il enregistrera donc comme un forcené, interviendra à pratiquement toutes les étapes de la réalisation de l’album et continuera à faire monter le buzz par ses frasques et autres facéties. Mieux il surprendra même tout le monde en annonçant que l’album serait en deux parties puis qu’on aurait deux disques pour le prix d’un seul. Jamais personne dans l’histoire du hip-hop n’avait encore réalisé de double album, Shakur sera le premier.
Au final nous auront donc droit à 27 titres, et chose improbable il n’y a qu’un seul déchet ( What’z Ya Phone # qui conclu le premier CD). Cet album contient son lot de classiques tracks 2 Of Amerikaz Wanted en duo avec Snoop Doggy Dogg, How Do You Want It avec les frangins de Jodeci, K-Ci & Jojo, Wonda Why They Call U Bitch, I Ain’t Mad at Cha, Ambitionz Az A Ridah, All About U) et bien d’autres. A vrai dire pratiquement tous les morceaux font partie du panthéon Hip-Hop. Entre sons festifs plus légers (Thug Passion, Ratha Be Ya, Check Out Time ou encore Skandalouz), sons plus profonds (Heartz Of Men, No More Pain) tueries plus consensuelles (Only God Can Judge Me, Life Goes On, When We Ride), diss tracks (Can’t C Me) et posse cuts (Tradin War Stories, Ain’t Hard 2 Find) on obtient un album très complet dont on se lasse difficilement. La qualité est telle qu’on ne ressent même pas la longueur. En pleine guerre East/West on est surpris de voir figurer Method Man & Redman aux côtés de Kurupt et Daz Dilinger en représentants de l’Est honni sur le classique Got My Mind Made Up.
Sans être son tout meilleur album, All Eyez On Me n’en reste pas moins le plus ambitieux et l’un de ses opus les plus aboutis. Les seuls reproches qu’on pourrait lui faire est que Pac n’ait pas forcé ses qualités de lyriciste et que l’album sonne beaucoup trop dans l’air du temps. Mais ces fausses notes sont gommées par son charisme au mic et le large éventail des facettes de son personnage qui y sont mises en lumière. Au delà de la pluie de hits qui en découle, cet album marquera à jamais l’histoire de la West Coast et du rap tout court. Un grand classique pour moi. Chapeau bas Mr Shakur. R.I.P