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Interview de Louis Johnson 'The King Of Slap' 1ere partie

  • Publié par Funky Thug
  • sam 23 janv. 16 - 23:29
  • Genre: rnb

Interview : Louis Johnson “Je suis un guerrier quand je joue”

Louis Johnson, le légendaire bassiste tellurique de la grande saga soul-funk, nous a quitté l'année dernière à l’âge de 60 ans. En 1997, Funk★U Magazine consacrait la couverture de son sixième numéro aux Brothers Johnson. L’occasion pour Wonder B. de passer cinq heures avec Louis Johnson pour une interview épique dans son domicile de Los Angeles. Lecture longue, mais indispensable !

 

The Brothers Johnson ! Deux frères devenus célèbres en l’espace d’un album avec l’appui du sorcier des studios, Quincy Jones. Mais l’une des moitiés du groupe eût une influence plus importante que l’autre, tant sur les musiciens que sur le plan visuel dans les shows du groupe. Virtuose incroyable de la basse, et maître d’une technique de ‘slap’ tout à fait personnelle qui lui permit d’être surnommé ‘Thunder Thumb’ (pouce d’éclair!), il ne tarda pas à devenir un des musiciens de studio les plus recherchés de la planète. Il conciliera ainsi carrière personnelle et apparitions sur quelques-uns des albums les plus marquants de l’histoire de la musique noire jusqu’au milieu des années 1980, lorsque sa collaboration avec son frère cessa.

Depuis, il continue à participer aux sessions d’enregistrement, et a ouvert une “Bass Academy” qui mérite le détour pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux quatre cordes. Ce bassiste extraordinaire et cet homme d’une rare gentillesse, c’est bien sûr Louis Johnson. J’ai eu le privilège de le rencontrer une belle après-midi de mars, chez lui où, parti pour une interview d’une heure, je ne pris congé qu’après plus de cinq tours de cadran d’entretien! Voici quelques extraits de ce marathon. George Johnson né le 17 Mai 1953 à Los Angeles, est l’aîné des deux frères. Louis, son cadet, a vu le jour le 13 Avril 1955. George a commencé à jouer de la guitare vers l’âge de sept ans en même temps que Louis faisait ses premières gammes sur la basse, deux instruments offerts par leurs parents comme cadeaux de Noël. Mais laissons plutôt Louis se rafraîchir la mémoire :

Louis Johnson : Nous avons grandi dans un quartier chaud, précise-t-il. Mon père, Joseph T. Johnson, nous a construit une guitare pour George et pour moi dans le but, je pense, de nous éviter de faire des bêtises. On a donc commencé à faire de la guitare. On écoutait la radio tous les jours avant de nous rendre à l’école. On écoutait absolument tous ce que notre père écoutait, jazz, blues, Motown…même des stations qui ne passaient pas de la musique noire. Il avait des goûts très éclectiques, et c’est comme çà que j’ai commencé moi aussi à aimer toutes les musiques. J’absorbais tout. J’étais encore à l’école primaire quand on a monté notre premier groupe appelé The Johnson Three. Il y avait mon frère Tommy, George et moi. Tommy avait une batterie très simple avec juste une caisse claire et une cymbale ! (Il se met à rire comme un fou) George et moi nous partagions la guitare. On jouait quand on avait des breaks entre les classes. Je jouais les trucs des Monkees, ‘I Wanna Hold Your Hand’ desBeatles, ou encore ‘Yesterday’. Mais ce qu’il y a de drôle, c’est que lorsque j’écoutais la radio, je jouais la ligne de basse sur la guitare. De temps en temps, je faisais des accords, mais si c’était compliqué alors je jouais juste la basse.

D’ailleurs, la première fois que j’ai pris la guitare, j’ai joué en pinçant et tirant les cordes une par une. C’était déjà naturel. George lui faisait plutôt les accords et pas les basses. Je faisais les deux. Les profs qui m’entendaient ont trouvé çà bon et m’ont demandé de venir à l’église. Ça a été la première grosse honte de ma vie! Je suis allé à l’église, c’était en plus un Dimanche spécial genre Pâques, je me suis retrouvé avec d’autres guitaristes et l’on m’a juste dit ‘Joue!’ Mais que pouvais-je faire, je n’allais quand même pas leur jouer les Monkees! (Rire délirant!) Et j’ai fini par jouer un truc que j’avais composé lors de ma première année à l’école, à propos d’une nana que je trouvais super et qui s’appelait Donna Johnson. J’en étais tellement croque que je n’avais rien fichu cette année là. Le dicton dit ‘Un homme doit toujours avoir une femme’, et depuis cette époque elles ont toujours été ma plus grande source d’inspiration.

Plus tard, mon cousin Alex Weir nous a rejoints. Il joue de la guitare. Il a d’ailleurs joué avec les Talking Heads et d’autres groupes. On avait alors deux guitaristes, moi à la basse, et Tommy s’était enfin procuré une vraie batterie. On a joué dans des bals de fin d’année, dans des compétitions de groupes. Puis nous avons fait ‘Soul Search’ sur KGFJ, une radio black du Sud de la Californie. Il y avait un jury composé entre autres de James Brown, des 5th Dimension qui étaient très populaires à l’époque, et un contrat d’enregistrement à la clé. La première fois on s’est planté, mais la seconde nous avons gagné un contrat avec Venture Records. C’est Bobby Womack qui a produit notre première chanson qui s’appelait ‘Testify’ entre 1967 et 69, je ne me rappelle plus très bien. C’est Tommy qui chantait dessus. C’est sorti en tirage limité et on a tout vendu! J’étais encore jeune, mais pas complètement idiot. J’ai dit au gars du studio, ‘Hey, si t’as besoin d’un bassiste, donne moi un coup de fil!’. Les Jackson 5 n’étaient pas encore sortis à l’époque. On avait un peu le même genre de popularité qu’ils allaient acquérir. Quand on jouait dans les lycées, ça faisait des émeutes! Partout! C’était super. On était ‘Bad’! Les autres groupes avaient peur de nous. On gagnait tous les concours. J’ai d’ailleurs joué dans mon lycée avant même que j’y soit en tant qu’élève ! (Rires énormes).

 

 

Wonder B : Mais tu slappais déjà?
Louis Johnson : Comme je te l’ai déjà dit, c’est même comme çà que j’ai joué mes premières notes. Et puis en jouant normalement, c’est quand même limité. Alors c’était juste une évolution, un nouveau palier. Ce n’était pas quelque chose que j’avais calculé. Mais à force de jouer, l’étendue des possibilités finit par se restreindre. Alors naturellement tu passes à un autre niveau.
D’ailleurs, quand j’ai commencé à slapper, ce n’était pas la raison pour laquelle on me remarquait. J’étais le seul à faire çà, je le faisais surtout à la maison. Mes parents devenaient dingues : ‘
Tu vas arrêter de faire ce bruit!’ Mais je jouais toute la journée! (Il fait des onomatopées pour décrire le son percussif permanent qu’il assénait à ses parents!) Je ne l’ai jamais fait au sein des Johnson 3  sur scène. Puis quand on a rejoint le groupe de Billy Preston, God Squad, j’ai slappé une fois sur scène, mais Billy n’a pas vraiment apprécié et m’a dit : ‘Ne refais pas çà, çà attire trop d’attention!’

Wonder B : Mais à ce moment pourtant, c’était un son qui commençait à devenir populaire à travers Sly & the Family Stone.
Louis Johnson : Tout à fait. D’ailleurs lorsque nous avons commencé à prospecter pour un contrat après avoir quitté Billy Preston et formé Bros. Johnson, les gens disaient : ‘Tu joues comme Larry Graham.’ Mais je ne joue pas comme Larry Graham. Je joue comme moi. (Rires) Bon, il était plus vieux que moi. Alors je disais ‘Je n’ai jamais vu Larry Graham, j’ai entendu parler de lui, mais ce que je joue, je l’ai inventé moi-même’. J’ai commencé à jouer sur pas mal de sessions d’enregistrement dont personne n’a entendu parler. Et puis un jour on a fait une session avec Taka Boom. (La soeur de Chaka Khan) Et elle a amené la bande d’enregistrement à Quincy Jones qui s’est écrié : ‘Qui est le bassiste?!’ C’est comme çà qu’un jour, j’ai reçu un coup de téléphone : ‘Allô, ici Quincy Jones, pourrais-tu passer à ma maison?!’ . Alors George et moi y sommes allés et après avoir joué pour lui, il m’a dit qu’il n’avait jamais rien vu de pareil. Il connaissait pourtant Larry Graham, mais il n’avait jamais vu çà! Alors il nous a invités à venir avec lui en tournée au Japon. C’était la première fois que les Japonais voyaient quelqu’un slapper la basse. Ça les a tués ! Ils ne savaient pas comment réagir! Plrickity Plrickity Pop Pap Bam (C’est que j’ai pu trouver de mieux pour rendre les bruits qu’il fait!) Alors à Tokyo, dans sa chambre, Quincy m’a dit : ‘Tu joues incroyablement bien et tu as des chansons, est-ce que tu veux faire un album ?’. Bien sûr, j’ai dit oui tout de suite. Mais il a ajouté : ‘Mais il faut le faire avec ton frère.’ J’ai dit non, je ne veux pas jouer avec lui, je veux faire un album solo!!! (Gros rires) J’aime mon frère mais justement on est frères!! Il y a trop de compétition! Quincy a alors dit : ‘Je vous ai rencontrés ensemble. Je ne sais pas si tu es bon et lui mauvais ou quoi, je m’en fiche, si vous voulez faire ce truc, faites le ensemble.‘ Et quand l’album est sorti, il s’est vendu par millions. Les gens ont flippé. Succès instantané. J’ai perdu toute ma vie privée en un clin d’oeil. Je ne pouvais même plus sortir faire mes courses. J’étais comme en cage. Plein de filles qui voulaient m’approcher. J’avais été marié jeune, alors c’était complètement dingue. J’ai acheté une maison avec jacuzzi, une Cadillac, bref on vivait le grand train.

Quincy Jones est resté notre producteur sur les quatre premiers albums. Plus tard, il a été de plus en plus difficile de satisfaire la maison de disques. A cause des nouveaux instruments qui sortaient, de la nouvelle musique etc. C’est ainsi qu’ils ont choisi l’option qu’ils avaient dans le contrat de ne plus faire d’albums avec nous. Ça a été la fin des Bros. Johnson. C’était en 1984. On ne s’est donc pas arrêté à cause de conflits entre George et moi, car je sais que les médias ont monté çà en épingle, mais vraiment ce n’était rien du tout. George ne me hait pas, je ne hais pas George, mais le fait est que lorsque l’on travaille avec sa famille, c’est difficile. On n’est pas Donny et Mary Osmond ! (Rires énormes). On parle de vraie vie ici ! (Rires monstrueux) On a vraiment raconté trop d’âneries là-dessus. Oui, on a eu quelques querelles, mais çà allait bien le reste du temps. Bref, des frères normaux.

 

Louis Johnson : Quand les Brothers Johnson ont marché, on a commencé à passer dans Soul Train, et toutes les grandes émissions. De plus j’ai été très sollicité pour des sessions en studio.

Wonder B : Oui, je me rappelle un de mes morceaux préférés sur le premier album de Side Effect : “What The Heck Let’s Discotheque!”
Louis Johnson : (Rires énormes) Ah tu te souviens de çà?! C’était vraiment puissant!

Wonder B : Et en plus tu es cité sur la pochette avec ton surnom ‘Boots’.
Louis Johnson : Oui c’était un surnom qui m’avait été donné par ma grand-mère et l’histoire, c’est que quand j’étais bébé, je crapahutais à quatre pattes avec mes mains dans les chaussures des autres! C’est pour çà que je m’appelle Boots ! Et puis quand on est devenus connus, elle a changé l’histoire en : ‘Non, je t’ai appelé Boots parce que tu as de la soul!’ (Rires énormes) Le surnom de George est ‘Hen’ (N.D.A. : Poule!) Mais je crois qu’il l’a eu à cause de son deuxième prénom qui est Henry. Mais ma grand-mère dit qu’il l’a eu à cause des poules!!! (Rires monstrueux!) Pour redevenir sérieux, j’adore Quincy Jones et je rends hommage à mon frère et à A&M notre label, et je veux dire merci à Dieu pour avoir fait de ma vie un miracle. Je vis un miracle permanent. Tous ces gens qui sont intéressés par les Bros. Johnson, c’est incroyable. Le groupe s’est reformé alors que j’avais déménagé au Japon et que j’avais créé ma ‘Bass Academy’. J’adore enseigner. J’ai d’ailleurs formé un groupe avec des musiciens que j’enseignais et qui s’appelait Cats. On jouait du funk, du jazz, du rock, de tout. J’avais aussi un groupe purement jazz, The Royal Horse. Je jouais aussi avec Jun Yamagichi qui est un guitariste célèbre là-bas et on a fait un groupe avec lui et sa femme. On a fait même des shows où je commençais par ‘The Dude’ (de l’album de Quincy du même nom) et les trucs que j’avais fait avec Grover Washington, Michael Jackson, Earl Klugh etc. En fait on m’a donné carte blanche pour jouer ce dont j’avais envie. A cette époque (vers 1988), j’écoutais pas mal de pop, et un groupe en particulier, les Sugarcubes. Et aussiRobert Smith avec The Cure. J’aime aussi beaucoup Sting. Mais quand j’ai filé la liste des titres que j’allais jouer au promoteur, il m’a dit ‘Mais personne ne va comprendre ici!’ C’est pour çà que j’ai été plus raisonnable.

 

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