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Chroniques des 2 premiers albums de Tupac (Fait par Street Poetry)

  • Publié par Funky Thug
  • mar 03 mars 15 - 17:45
  • Genre: rap

2Pac-2Pacalypse Now 17/20

Sortie: 12 Novembre 1991
Label: Interscope
Producteurs: Shock G, Big D The Impossible, Jeremy, Live Squad, Raw Fusion, The Underground Railroad, Stretch, Pee-Wee

Après des débuts timides au sein du groupe underground Strictly Dope, le jeune Lesane Parish Crooks se fait remarquer par Shock G, leader de la formation Digital Underground qui l’engage comme danseur. Conscient du talent de MC de celui qui est désormais devenu 2Pac Shackur, Shock G va lui donner sa chance sur le titre Same Song. Une apparition plutôt brève mais très remarquée qui lui ouvrira les portes d’une carrière solo via un contrat avec la major Interscope. Toutes choses qui aboutiront à la sortie de ce premier album.

On aurait pu penser que 2pac s’inscrirait dans la logique festive de son mentor, il n’en est cependant rien. Pac est marqué au fer rouge de la rue et des épreuves de la vie. Il est le témoin de la Black-on-Black Violence, de la répression policière, de la pauvreté des siens. Il se fait alors porte-parole de cette communauté oppressée, ravagée par la drogue et la violence, sans perspective d’avenir et qui s’en remet à l’illicite vu comme une éventuelle porte de sortie. Il n’a rien d’autre à nous offrir que sa vision sombre de la vie, brillamment mise en scène tout au long de l’album. Il livre ainsi des titres-coups de poing qui font écho à sa vie mouvementée: Trapped, I Don’t Give A Fuck, le très polémique Violent ou il évoque la possibilité de tuer un flic mais aussi le rageur et brillant Words Of Wisdom. Toutes choses qui vont lui attirer les foudres de la censure qui après avoir tenté d’empêcher la sortie de l’album parviendront finalement à obtenir son retrait des bacs quelques mois plus tard. Le reste de l’album se partage entre égotrips rondement menés (Young Black Male…), histoires de rue et titres moins énervés. Parmi ceux-ci on retiendra le brillant Brenda’s Got A Baby, histoire poignante d’une jeune mère et le plus léger Part Time Mutha et ses lyrics aux connotations sexuelles.

Loin d’être un classique 2Pacalypse Now n’en demeure pas moins un très bon album qui marque le début en fanfare de la carrière que l’on sait qui fera passer l’ex-dealer de Marin City au statut de légende rapologique.

17/20

Tracklist: http://www.allmusic.com/album/2pacalypse-now-mw0000676677

 

2Pac-Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z. 15/20

Sortie: 16 Février 1993
Label: Interscope/ Atlantic
Producteurs: Stretch, Big D The Impossible, Bobby « Bobcat Ervin, Shock G, Live Squad, Special Ed, Truman Jefferson, DJ Daryl, Blinky Billz, Sniper Tipper, 2Pac, The Underground Railroad

On avait quitté 2Pac avec un premier album violent comme une bouffée de crack. Entretemps de l’eau a coulé sous les ponts et le jeune homme est devenu une des cibles de prédilection des médias. Si on parle tant de lui, ce n’est pas tellement pour sa musique mais plutôt pour les nombreuses controverses qui l’entoure. Jugé trop explicite et accusé d’inciter à la violence envers les forces de l’ordre, 2Pacalypse Now s’est vu retiré des bacs après moins de six mois de commercialisation. Pour ne rien arranger Pac est souvent engrener dans des histoires louches. Ses frasques répétées contribueront cependant à forger sa légende et le consacrent même parmi les MCs de la côte ouest les plus influents. Heureusement que ses escapades cinématographiques calment un peu le jeu et permettent de faire oublier quelques temps son image de querelleur irascible. Mais c’est bien au micro qu’on préfère l’entendre et il va s’appliquer à revenir dans les bacs dès le début de l’année 1993, soit moins de 18 mois après son premier opus.

La période de sortie de ce Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z (précédemment baptisé Troublesome 21 , puis N.I.G.G.A.Z.) a beau coïncidé avec celle du début de l’ère G-Funk (rappelons que le classique The Chronic est sorti quelques mois plus tôt), la couleur musicale de cet opus ne s’en inspire pas une seule fois. Pas de gros samples de Parliament/Funkadelic ou autres Zapp. Les instrumentaux sont résolument hardcores, limites old school et sont plus proches des premiers disques de Cypress Hill que de celui de Dr. Dre. Toutes choses qui rend l’écoute peu évidente pour quiconque n’a pas connu cette époque. Il faut bien reconnaitre que les productions quoique efficaces pour l’époque ont très mal vieilli, contrairement à la plupart de ses albums. Sur Point The Finga, Strugglin’ ou même le titre éponyme, elles en deviennent plus qu’irritantes. Autre point négatif la présence de deux interludes totalement dispensables dès le début de l’album (respectivement aux deuxième et quatrième pistes). Si Pac’s Theme passe encore Something 2 Die 4 est clairement sans intérêt.

Passés ces a priori l’album s’avère beaucoup plus solide qu’on pourrait le penser. Première remarque par rapport à son premier opus, l’évolution de son flow. Sa voix et son phrasé sont à présent beaucoup plus proches de ceux auxquels nous auront droit dans la suite de sa discographie. On pourrait presqu’affirmer que 2Pac est vraiment né sur cet album. Il est plus expressif, plus accrocheur, séduit d’avantage l’auditeur. Au fil de ses rimes on est transportés dans les tréfonds du cauchemar américain, dans ce monde fait de ghettos, de violence, d’usage de stupéfiants et arrestations musclées. Point positif le succès ne l’a pas adouci. Il reste toujours aussi incisif et revendicatif sur ce disque, nous gratifie de textes accusateurs sur lesquels la police et les autorités en prennent pour leur grade. Il se fait aussi plus conscients sur la tuerie de cet album, le sublime et intemporel Keep Ya Head Up, merveilleux hommage aux mères célibataires des ghettos. Preuve qu’il n’est pas qu’un fou furieux juste bon à balancer un paquet de grossièretés. Il aura un deuxième éclair de conscience avec l’excellent Pappa’z Song sur le thème du père absent. Un titre plus dur qui s’inscrit cependant d’avantage dans la tonalité globale de cet album qui sent la rue sale. Ces deux titres sont cependant contrebalancé par le single I Get Around ode aux plaisirs de la chair sur lequel intervient les joyeux délireurs de Digital Underground. Contradictoire oui, mais c’est aussi ce qu’on apprécie chez Pac, capable de dire une chose et tout son contraire quelques titres plus loin sur le même disque. Pour le reste l’album a son lot de titres marquants comme le surpuissant Holler If Ya hear Me, l’efficace Guess Who’s Back ou les très bons Representin’ 93 et Peep Game (avec Deadly Threat). Il nous délivre une suite au Soulja’s Story du premier album avec Soulja’s Revenge et s’illustre de la meilleure des façons sur le freestyle final 5 Deadly Venomz sur lequel Treach de Naughty By Nature, Apache et le Live Squad viennent lui prêter main-forte. Il se paie même le luxe d’organiser un réunion de gangsters avec les deux Ice (Ice-T et Ice Cube) sur le hardcore Last Wordz.

En définitive un album plus que correct de 2Pac, assez difficile à appréhender mais tout de même de qualité en dépit de quelques déchets. Mis en perspective avec le reste de sa discographie (tout du moins celle livrée de son vivant et l’album posthume The Don Killuminati), il est indubitablement son disque le plus faible, mais il est très loin d’être une bouse et a comme tous les autres ses classic tracks. Moyen pour du 2Pac, très bon pour d’autres, il satisfera en priorité les grands fans du Don Killuminati et les amateurs de rap du début des années 90.

15/20

Tracklist: http://www.allmusic.com/album/strictly-4-my-niggaz-mw0000093637

Auteur:  Street Poetry

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