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La tentative d’assassinat de 50 Cent racontée par des temoins (suite)

  • Publié par Funky Thug
  • jeu 07 juil. 16 - 15:19
  • Genre: rap

La rencontre

Kenneth « Supreme » McGriff

Supreme jouait les médiateurs dans l’affaire, car pour lui, c’était des conneries de rappeurs. « J’essayais de mettre fin au problème », raconte Preme. « Je pensais que l’embrouille était partie d’un truc débile. Je crois que 50 a raconté ensuite que c’est parce que Ja Rule ne lui avait pas dit bonjour, un truc comme ça. » Il a essayé de faire peser son influence sur 50.

« Preme me disait de me calmer. Mais juste après, Ja Rule a recommencé à ouvrir sa gueule », dit 50. « Il est revenu plusieurs fois me dire de laisser Murder Inc. tranquille. Mais je ne l’ai pas écouté et je suis allé voir Ja dans le quartier du Coliseum. Un pote m’avait appelé de chez le barbier pour me dire qu’ils tournaient un clip là-bas. Alors j’y suis allé en moto, en prenant un flingue avec moi. Ja m’a bien vu. Supreme aussi, il était de l’autre côté de la rue. Lorsqu’il m’a vu m’approcher à pieds du tournage, il m’a dit : “Eh, viens là ! N’y pense même pas. Je te vois.” Il m’a pris à part, j’étais hors de moi. Je disais : “C’est quoi son problème, à ce connard ?” Il m’a raisonné : “Nan, nan, je t’ai déjà prévenu : tu les laisses tranquille, mec. Tu sais qu’ils vont rien faire.” » Par respect pour Supreme, 50 a laissé tomber une fois encore. Mais Murder Inc. ne voyait pas les choses comme ça.

« Quand j’ai entendu le premier son sortir de sa bouche, j’aurais dû aller direct en studio pour écrire un morceau sur la façon dont je lui avais cassé la gueule », dit Ja. « Mais je me suis dit que c’était personne, j’ai laissé pisser. Le seul problème, c’est qu’il s’est rapproché d’Eminem et de Dre. Après ça, tout le monde voulait entendre ce qu’il avait à dire. Mais c’est moi qui ai commencé l’embrouille. Tout le monde pense que c’est ce gars. Mais c’est moi qui ai commencé le truc, et il en a fait un beef de rap. Ça a commencé dans la rue bien avant de finir en musique. 50 est allé se cacher dans un studio et il a écrit des rimes sur l’affaire. Mais je suis le seul mec à m’être frotté à lui. »

« J’avais un Mac-32 chargé sur moi. Je suis arrivé devant l’immeuble mais je ne suis pas entré. »
50 Cent

Tandis que Ja Rule et 50 se chauffaient, d’autres gardaient la tête froide. Ces mecs-là en connaissaient un rayon sur les embrouilles qui finissent mal, alors ils essayaient d’arranger les choses. « L’embrouille entre Ja Rule et 50 Cent était due en partie au fait que Supreme défendait Ja Rule et que 50 Cent se sentait rejeté », dit T. Supreme et Chaz Williams sont intervenus pour essayer de tout aplanir une fois encore.

« Ils ont arrangé une rencontre entre moi, lui et Chaz dans les bureaux de Black Hand 

Entertainment. À l’époque, tout allait bien entre moi et Chaz. Tout Murder Inc. était là avec Preme et j’étais supposé aller là-bas avec Chaz pour régler le problème », raconte 50. « Ils voulaient vraiment me casser les couilles. Pourquoi ? Parce qu’ils savaient que j’étais un vrai. C’est tout. Je suis pas comme eux, on n’est pas du même sang, on n’a pas vécu les mêmes choses. Toutes les conneries que j’ai pu faire, c’est à cause de gars comme ça. La plupart des mecs qui parlent comme des gangsters au micro n’ont aucune envie de faire ce qu’ils racontent dans leurs lyrics. Ja n’a jamais été un gars de la rue, il n’a jamais rien trafiqué, il n’a jamais sorti un flingue, il n’a rien fait de ce qu’il raconte sur ses disques. »

50 Cent l’avait mauvaise de voir Preme le rejeter de cette façon, mais Preme pensait avoir misé sur le bon cheval. Comment pouvait-il savoir que 50 aurait le succès qu’il a eu ? À l’époque, Murder Inc. était tout en haut du rap game, et ils voulaient faire la misère à 50 Cent, malgré les négociations de paix. Les vrais gangsters, Preme et Chaz, organisaient les rencontres. Murder Inc. ne faisait que jouer son rôle, un rôle que le crew s’était construit clip après clip. 50 venait de la cité, mais les anciens étaient d’avis qu’il avait un laisser-passer grâce à sa mère. Dans le quartier, tout le monde savait la vérité. « 50 n’arrivait pas à la cheville de Brina », affirme l’Arnaqueur du Queens – un des membres de la Supreme Team. Sabrina a donné naissance à Curtis à l’âge de 15 ans. Elle trafiquait de la cocaïne et s’est occupée de lui jusqu’à ce qu’elle soit assassinée – Curtis avait huit ans. Un inconnu avait drogué son verre et elle avait perdu conscience. Il avait ensuite ouvert le gaz et fermé les fenêtres de son appartement.

« Qu’est-ce que je serais allé foutre à une réunion où tout le monde était d’accord sur la question sauf moi ? » dit 50. « J’avais un Mac-32 chargé sur moi. Je suis arrivé devant l’immeuble mais je ne suis pas entré, j’ai eu le sentiment que c’était une impasse. Les mecs allaient forcément mal parler parce qu’ils étaient tranquilles chez eux et qu’ils m’avaient fait venir tout seul. J’aurais dû tuer quelqu’un, et après ç’aurait été foutu. Donc je ne suis pas allé à la rencontre organisée par Chaz, le type qui était supposé n’avoir aucun problème avec moi. Maintenant il dit que Ja était son ami… donc en fait, il était de son côté depuis le départ. » Quand il a réalisé que 50 ne viendrait pas, Chaz l’a appelé et lui a dit qu’il ne pouvait plus rien faire pour lui. Il s’en lavait les mains.


 

Mais l’embrouille ne s’est pas arrêtée là. Aux environs d’une heure du matin, le 24 mars 2000, 50 Cent a été attaqué en représailles par les membres de Murder Inc. C’était à la Hit Factory, un studio d’enregistrement de Manhattan sur West 54th Street. « 50 était en studio à ce moment-là. Les mecs de Murder Inc. se sont pointés, les lumières se sont éteintes, et quelqu’un a planté 50. Il a couru se réfugier dans le studio d’à côté, avant de fermer la porte et d’appeler la police », raconte Karine « Superhead » Steffans. 50 a été admis aux urgences du centre hospitalier St. Luke-Roosevelt pour une lacération à la poitrine et un poumon partiellement affaissé. Il a reçu plus tard une ordonnance de protection contre Murder Inc. Le magazine The Source l’a d’abord publiée dans un de ses numéros, et le site getsmedia.com l’a reprise accompagnée d’un message : « Les vrais ne balancent pas. 50 Cent ne représente pas la rue. C’est un lâche et un menteur : les documents judiciaires ça ne s’invente pas. »

L’intéressé a répondu dans le magazine Don Diva : « Je n’ai jamais été au commissariat pour demander une protection contre qui que ce soit. Je connais les mecs qui m’ont fait ça. Ça se réglera dans la rue. »

Le rappeur Scarface a examiné le document avant de prendre la défense de 50 Cent. « C’est des conneries », disait-il à l’époque. « Ce gamin dit la vérité, c’est n’importe quoi ce truc. On ne peut même pas lire ce qui est écrit dessus, c’est une copie d’une copie. »

« S’il y a bien une chose que vous ne voulez pas qu’on dise de vous dans la rue, c’est que vous êtes une balance », écrit 50 dans son autobiographie. « On condamne un type à mort quand on l’accuse de ça. » Mais Murder Inc. n’en démordait pas.

« Nous avions des documents qui disaient que Curtis Jackson et Marvin Bernard (Tony Yayo) avaient une ordonnance de protection contre nous et qu’ils nous attaquaient en justice », dit Ja Rule. « 50 a laissé tomber parce qu’il avait décroché son contrat et qu’il savait que ça aurait tout gâché. Mais Yayo a été payé. Ce type, je lui ai acheté sa première chaîne et sa première voiture. J’ai dû lui filer 50 000 dollars, et il a poursuivi Sony et la Hit Factory en plus. Il a attaqué tout le monde. Quelle petite pute. » Murder Inc. et Preme étaient furieux après 50. Ils essayaient de l’écraser de toutes les façons possibles.

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1999–2003

Ja Rule a répondu en musique sur l’intro deSurvival of the Illest 2. « C’est ça que j’aurais dû faire », commence Ja Rule. « J’aurais dû sortir plus de morceaux pour que le public sache bien ce que je pensais de ce type, et qui il était vraiment. Il n’arrêtait pas de dire : “Nique Ja Rule, nique Murder Inc.” » Mais dans cette affaire, Murder Inc. était Goliath et 50 Cent était David, c’est pourquoi ils préféraient l’ignorer.

« Il sortait plein de morceaux pour m’insulter et en même temps il disait à la police qu’il avait peur pour sa vie à cause de nous », dit Ja. «J’étais coincé parce que je ne voulais pas me retrouver au tribunal pour mes lyrics. Parfois, les embrouilles, c’est juste pour les fans, c’est du spectacle. Mais pour moi ce n’était pas le cas, c’était bien réel. C’est 50 qui en a fait un show. »

Et comme 50 Cent disait qu’il voulait régler ça dans la rue, Murder Inc. l’a pris au mot.

 

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